Au Mali, des hommes s’engagent aux côtés des femmes pour sensibiliser sur l’hygiène menstruelle. Il est temps de briser le tabou des règles.
Les menstrues demeurent un sujet difficile à aborder. Même les femmes ont du mal à en parler ou à se renseigner dessus en public. « J’ai honte que l’on me photographie en train de recevoir des explications sur le cycle menstruel », me confie A.D., en marge d’un événement sensibilisant sur la gestion de l’hygiène menstruelle.
Néanmoins, nous assistons de plus en plus à sa démystification par l’implication de certains hommes, notamment politiques. « Le politicien que je suis est à l’aise pour aborder tous types de sujet. Mais j’avoue que ce sujet demeure tabou jusqu’à présent dans notre société. Pourtant il est temps de briser le tabou », affirme Moussa Mara, ancien premier ministre et homme politique, invité à la cérémonie d’ouverture du salon d’hygiène féminine Moussow ka Kalo lada, une première au Mali.
Traditions dangereuses
Même si les règles sont un passage obligé pour chaque femme, aborder le sujet constitue un complexe. Nombre de jeunes femmes et adolescentes n’ont pas de connaissances quant aux bonnes pratiques de l’hygiène menstruelle. « Si ce n’est le complexe de demander aux spécialistes et le manque de communication de certaines mamans, comment expliquer les grossesses non désirées que certaines jeunes filles contractent ?», s’interroge A.D.
Si elles concernent directement les femmes, les règles ne sont pas qu’un problème de femme. Les hommes, qu’ils soient maris ou pères, sont de près ou de loin concernés. Cependant, la présence de nombreux hommes lors de ce premier salon de l’hygiène féminine confirme la volonté des hommes de lever le tabou autour de cette source de fertilité, qui ne doit plus constituer une source d’angoisse pour les femmes. Pour le traditionaliste Adama Traoré, « il est inadmissible, à l’ère où la technologie avance à grand pas, que certaines traditions perdurent ».
Source de vie
De son côté, Moussa Mara ajoute que ce qui est source de vie ou caractéristique de la vie ne doit pas être handicapant ou traumatisant, surtout pour celle qui le vit pour la première fois. Avant d’exhorter à sensibiliser les populations des zones rurales à briser le silence sur l’hygiène menstruelle.
Au Mali, on assiste à une prise de conscience sur la nécessité d’impliquer tous les acteurs sociaux, notamment les hommes, pour atteindre les objectifs en matière de santé de la production et la planification familiale. Ce combat passe par une bonne connaissance des pratiques en matière de santé et d’hygiène intime.
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