Selon des défenseurs de la polygamie, toute musulmane doit accepter cette pratique coranique. Aïssata Ba n’est pas de cet avis et pense que le refus de la polygamie ne diminue en rien la foi.
« Tu n’es pas musulmane ? » est la réponse la plus courante que j’obtiens lorsque j’exprime mon aversion pour la polygamie. Récemment, le plus franc et l’un des plus fervents et fidèles religieux de mes interlocuteurs n’a pas tourné autour du pot. Il a juste dit : « Tu n’es pas musulmane ! ».
Pour ma part, je n’étais ni choquée ni offensée, parce que je suis maintenant habituée à de telles réactions. Une justification et réponse que j’entends est que si mon mari ne pratique pas la polygame, alors c’est qu’il me trompera. Ceux qui me connaissent ou connaissent ma structure familiale me rappellent simplement que mon père, mes oncles et mes grands-pères, des deux côtés de ma famille, ont été polygames pendant plusieurs générations, et de multiples façons.
Ces personnes disent ce qu’elles pensent être juste et jugent mon degré d’« islamité » sur la base de quelques minutes de conversation, et de ma franchise dans l’expression de ce que je pense et ressens. Ils balaient mon droit de choisir d’être ou non dans un mariage polygame. Et là, ils effacent mon expérience et l’impact de la polygamie sur ma vie.
Parce que ces gens refusent d’entendre mon point de vue, ils ne sauront jamais et ne prendront jamais le temps de se mettre à ma place et de se dire que j’ai des raisons convenant à mes choix personnels. Ainsi, ils ne sauront jamais que je ne déteste pas la polygamie en soi, que je ne déteste pas les polygames, ni que je n’essaie pas d’imposer mes opinions et croyances. La réalité est plus complexe.
Ancienne partisane de la polygamie issue d’une famille polygame
Je voudrais leur faire comprendre que ma religion, l’Islam, me donne le droit d’accepter ou de refuser d’être mariée à la personne de mon choix. Le fait que je refuse d’être l’une des deux ou quatre épouses d’un homme ne diminue en rien ma foi en Allah, ni ne me prive de mon amour pour mes parents polygames, y compris mon père.
Ce que ces gens ignorent, c’est qu’en tant que lycéenne de quinze ans, j’ai pensé et exprimé que je ne signerai jamais la monogamie et que j’encouragerai mon mari à signer la polygamie. Cet état d’esprit a été engendré non seulement par ma structure familiale, mais aussi par des années à se faire dire et à se faire croire que c’est la voie que je devais catégoriquement choisir pour être une bonne musulmane. Je pensais que la polygamie était mon seul recours et mode de vie et je que je devais catégoriquement être une épouse parmi plusieurs.
Ce qu’ils ignorent également, c’est que j’étais à deux pas d’être une « sœur » pour une autre, une coépouse. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que j’ai été prête à vivre un mariage polygame et à tout partager avec d’autres femmes. Ils ignorent également que mon changement d’avis et mon refus viennent d’un cœur meurtri de souffrance par ce que j’ai vu et vécu dans ma vie quotidienne. Ils devraient savoir qu’il n’est pas grave de changer d’avis, qu’il n’est pas grave de refuser d’être polygame. Ce qui est grave, c’est d’imposer nos opinions aux autres, car que nos vérités ne sont pas la seule réalité, ni des faits immuables.
Oui, je suis musulmane ! Oui, plus de 80% des ménages de ma famille élargie sont polygames. Mais cela devrait-il faire de moi automatiquement la plus fervente défenseuse de la polygamie ou en faire partie? Eh bien non!
Prière d’accepter et respecter mon choix
Quand les épouses sont véritablement heureuses – non pas lorsqu’on leur fait croire qu’elles le sont – , qui suis-je pour leur retirer cela ou les juger ? Je respecte et accepte le choix éclairé de chacun. Je n’essaie pas de « sauver » toutes les femmes. Je suis plutôt une jeune femme qui veut que son choix soit accepté, qu’il ne soit pas jugé, ni que son identité de musulmane lui soit enlevée en fonction de ce que je veux ou je ne veux pas.
Les gens doivent comprendre qu’il y a différentes manières – toutes des manières acceptables et acceptées dans l’islam – d’être et de vivre nos vies. Ils doivent comprendre que leur compréhension, leurs vérités et leurs croyances ne sont pas la seule façon de vivre et d’être une bonne et très fervente musulmane.
Il n’y a pas de problème si mon cœur ne peut pas supporter la polygamie. Il n’y a pas de problème si je ne peux pas gérer le stress, la dépression et l’anxiété que je subis si je m’engage dans la polygamie. Je veux que les gens comprennent et acceptent que j’ai le droit et le choix d’être monogame. Et cela ne fait pas de moi une musulmane moindre.
Je trouve s’est jugement utile vu que Dieu nous demande de faire une ou quatre femme.
Donc le fait d’être monogame ne diminue rien à la foie. Si on parle de faire la monogamie ou la polygamie donc il y’a choix. Et s’il y’a choix chacun est libre de faire son choix.