Pour convaincre ses parents à aborder la sexualité sans gêne en famille, Nadine a usé de ruse pour y parvenir. Voici ses astuces.
« Je m’appelle Nadine, j’ai dix-huit ans. Je vis avec mes deux parents. En famille, on parle de tout : des sujets les plus simples de la vie aux plus tabous comme la sexualité. C’est étonnant non dans notre contexte africain ? Vous n’avez pas tort. En effet, c’était un sujet tabou. Il a fallu beaucoup de ruse pour qu’il soit accepté.
En revenant de l’école un jour, j’ai croisé celui d’un jeune homme âgé d’environ vingt ans. Sérieux, affectif, doux, le jeune homme commença à me draguer. J’ai attentivement écouté mon interlocuteur et fini par craquer. Sa voix dégageait une telle assurance que je n’ai pu m’empêcher de répondre favorablement à sa demande.
Il proposa de me ramener chez moi sur sa moto. Je n’ai pas résisté. Une fois à la maison, je ne dis rien à mes parents ; je savais que leur annoncer une telle nouvelle ne ferait qu’augmenter la tension entre nous. D’ailleurs, cela traitait de l’amour et ce thème faisait partie des sujets tabous.
Un mois environ, il m’indiqua chez lui. Depuis ce jour, chaque samedi je m’y rendais et lui faisais la lessive et la cuisine. À chaque fois que j’y partais, on faisait des rapports sexuels protégés, auxquels j’avais toujours consenti. En contrepartie, il me fournissait tout ce dont j’avais besoin pour me faire belle ou pour étudier, puisque mes parents n’arrivaient pas à bien le faire.
Un samedi soir, je suis allée chez lui comme de coutume et fis les travaux ménagers. Après, il avait voulu aller au sexe avec moi. J’ai décliné ce jour-là, puisque je n’en avais pas envie. Malheureusement, il m’enferma et me força à coucher avec lui avec protection. Après son acte, tout triste et toute déprimé, il me ramena devant ma maison. Je voulus tout raconter à mes parents, mais je n’avais pas le courage de le faire puisque je savais quelle serait leur réaction.
Son geste fit que je ne pouvais plus apprendre mes cours. C’était difficile pour moi de penser à cette scène. Quelques semaines après, je ne me retrouvais plus à l’école comme à la maison, moi qui étais autrefois la plus joyeuse et la plus joviale devins de triste et la plus déprimée.
Pour me décharger de ce fardeau, j’ai raconté l’histoire à ma meilleure, espérant qu’elle pourra me conseiller. Et contre toute attente, mon amie me suggère de continuer à fréquenter mon copain, de ne pas me soucier d’un simple rapport sexuel non protégé. »’C’est en faisant un rapport sexuel sans protection qu’on sent le goût »’, ajoute-t-elle.
J’ai suivi son conseil. Peu de temps après, j’ai commencé à sentir des douleurs au niveau de mon appareil génital. J’avais des démangeaisons, un liquide nauséabond s’y dégageait. Un soir, j’ai vu passer à la télévision une information sur les signes énumérés en haut. J’ai eu peur. Je ne savais pas comment expliquer mon mal à mes parents.
J’ai alors noté le numéro qui défilait au cours de l’information. Le lendemain, j’ai appelé le numéro et pris rendez-vous dans un centre de santé. Le jour suivant, j’y suis allée. J’y ai rencontré une sage-femme qui m’orienta et me donna plein de conseils. Elle me parla d’une association qui œuvre dans la promotion de la santé sexuelle et de la reproduction.
J’ai décidé d’adhérer à ce mouvement de jeunes. Des semaines après mon adhésion, sachant que mes parents n’aimaient pas aborder le sujet, j’en ai parlé à la sage-femme. Elle me demanda de rentrer à la maison. Le lendemain matin, elle vint chez moi et rencontra mes parents. Elle discuta avec eux durant un long moment sur l’importance du dialogue parents-enfants sur la sexualité.
Dès lors, je ne cache plus rien à mes parents sur ma vie sexuelle. Nous échangeons sans gêne. Et je suis plus responsable dans ma vie sexuelle. Je ne prends plus de risque comme par le passé. Aussi, je sensibilise mes proches, ma communauté sur les bonnes pratiques en matière de santé de la reproduction. Mais rien ne remplace le dialogue avec les parents dans la promotion de la santé sexuelle et la prévention des infections sexuellement transmissibles et autres conséquences liées à la santé reproductive.
À cause du manque voire l’absence de dialogue parents-enfants dans certaines familles, plusieurs adolescents et adolescentes finissent par se confier à leurs amis ou à leurs instincts sur le plan sexuel. Ce qui les pousse à faire de mauvais choix. »
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