Doniblog (La communauté des Bloggeurs du Mali) a organisé le 2 Octobre 2021, au Mémorial Modibo Kéïta de Bamako, un panel d’échanges sur le dialogue parents-enfants sur la santé de la reproduction des adolescents et jeunes. L’activité s’inscrit dans le cadre du projet « Mes choix mes droits », financé par PSI Europe à travers la RNW média. Il couvre le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali.
Une cinquantaine de participants venus d’organisations de jeunes œuvrant dans le domaine de la SR/PF, de leaders coutumiers et religieux et experts de la santé de la reproduction ont pris part aux échanges qui ont duré près de 3 heures. Les différents panélistes ont souligné l’importance de la communication parents-enfants sur la santé de la reproduction.
Pour l’imam Fousseyni Doumbia, chargé de formation au sein du Réseau islam population et développement ( RIPOD), l’absence de dialogue parents-enfants sur la santé sexuelle et reproductive s’explique par l’ignorance. En fait, certains parents pensent que c’est contraire à la religion. « Le prophète (psl) avait un jour appelé une de ses filles qui avait ses règles pour la sensibiliser sur la gestion des menstrues et la façon dont elle devait se tenir. Pour vous dire que les parents ont une grande responsabilité dans l’éducation des enfants, y compris en matière de santé sexuelle et reproductive », explique le religieux. Avant d’ajouter qu’il ne doit pas y avoir de barrières entre les parents et les enfants sur le sujet.
Transmettre des valeurs morales
Le pasteur Jérôme Tienou, membre de l’Alliance des leaders religieux chrétiens et musulmans du Mali pour la santé de la reproduction, estime quant à lui que parler de sexualité avec les enfants ne doit pas être une honte. « Il faut parler progressivement à l’enfant en fonction de son âge. Il ne faut pas que l’enfant découvre le sujet à travers quelqu’un d’autre.» Aussi, il conseille aux parents d’être patients pour amorcer le dialogue avec les enfants et leur transmettre des valeurs morales.
Le dialogue parents-enfants sur la santé reproductive nécessite des préalables et des techniques d’approches que beaucoup de parents ne connaissent, puisqu’ils n’ont pas reçu d’informations à ce sujet. « Il faut donner aux parents des mécanismes pour pouvoir parler de choses-là avec leurs enfants », affirme l’imam Doumbia.
Avant, dans nos sociétés, l’éducation sexuelle était assurée par des agents sociaux. Au Mali, cette tâche revenait soit au « Magnakala »( griot), à une tante, à l’ainé(e), rappelle Sékou Tounkara, représentant du Réseau des communicateurs traditionnels du Mali (RECOTRAD). « Dans certains milieux, les enfants du même groupe d’âge étaient confiés à un(e) adulte, chargé d’assurer leur éducation sexuelle. Ces différentes pratiques visaient à enseigner l’abstinence aux enfants. C’est pourquoi on avait moins de problèmes de santé de la reproduction. Mais ce n’est plus respecté », regrette-t-il.
Des échanges francs et courtois ont eu lieu sur la responsabilité des parents et des enfants afin d’établir la communication sur la santé de la reproduction en famille. Et éviter ainsi les risques que courent les adolescents et jeunes en matière de santé reproductive. Il s’agit entre autres des grossesses précoces, des avortements à risques, des infections sexuellement transmissibles et des mortalités maternelles, infantiles et néonatales, qui touchent majoritairement les 15-16 ans, selon Dr Lalla Traoré, spécialiste SR/PF au département de santé publique de l’hôpital du Point-G.
Faciliter l’accès aux informations et services
Les adolescents et jeunes constituent plus de la majorité de la population malienne. Ils sont les plus affectés par les problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive (grossesses précoces ou non désirées, infections sexuellement transmissibles, avortements clandestins, entre autres). Parmi les causes de cette forte exposition des adolescents et jeunes aux problèmes de santé sexuelle et reproductive, il y a le déficit d’informations sur le sujet, à cause des normes socio-culturelles, mais aussi le tabou qui entoure la sexualité dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest.
Pourtant l’accès à l’information et aux services en matière de santé de la reproduction est un droit reconnu au Mali comme dans les autres pays couverts par le projet. Malgré les législations en vigueur dans les différents pays, la situation des adolescents et jeunes en termes d’accès aux informations et services adaptés à la prise en charge de leur santé sexuelle et reproductive est peu reluisante. Et le dialogue parents-enfants est quasi inexistant sur le sujet.
En plus de ce panel d’échanges, plusieurs activités de sensibilisations, d’informations et d’offre de services ont été organisées à Bamako, Ségou et Sikasso, et à travers les plateformes numériques de Benbere. Des dizaines de milliers de personnes ont été touchées par ces actions.