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Et si tous les Peuls changeaient de patronyme pour ceux des Dogons ?

Alors que dans le centre du Mali, la violence continue de faire des morts dans un conflit qualifié d’« ethnique », le blogueur Petit peul pense qu’il s’agit plutôt de tensions sociales. Prenant appui sur sa lecture de A quand l’Afrique ?, il pense qu’il faut éviter de parler d’ethnie et propose que tous les Peuls changent de patronyme pour devenir Dogon. L’inverse aussi est possible.

L’idée ne paie pas de mine et ne va prêter aucun peul à rire, surtout pas ceux d’entre eux qui en ont après quelques rebuts de Dogon, qui ont sans doute perdu la coutume de se réunir « sous le Toguna autour du Hogon (chef spirituel) pour réfléchir au sort du peuple des Dogons et décider de sa vie quotidienne » (L’empreinte du renard/ Meurtre en pays Dogon, Moussa Konaté, Fayard, 2006). Mais qui, en ces temps troublés dans un pays qui ressemble à « un monde de ruines et de vermines déserté par Dieu », poussent la bêtise jusqu’à dire dans des messages WhatsApp que les ennemis du Mali sont connus : ce sont les Peuls. Comme je l’ai lu dans un message qui circulait ce weekend. Le reste du message est un appel à « combattre les Peuls, les exterminer et les effacer de la carte malienne (sic). »

Cette escalade verbale d’une violence rare depuis quelques années entre les deux communautés est de nature à inquiéter. Mais le plus inquiétant reste le fait que cela amène nombre de gens, surtout dans la presse nationale et internationale, à conclure à une guerre ou un conflit « ethnique » entre Peuls et Dogons.

Les conflits ne sont que prétendument « ethniques »

A ce propos, il serait intéressant de rappeler ce que répond Joseph Ki-Zerbo dans le livre-entretien A quand l’Afrique ?, lorsque René Holenstein lui demande si les conflits ethniques et religieux sont donc le destin de l’Afrique : « […] Ce sont des tensions qu’on ne doit pas transférer sur le registre « ethnie » ou « race » ou « religion », comme on l’entend dire parfois. Ce sont des tensions sociales, et il faut les traiter comme telles. Dès qu’on les transfère sur le plan de l’ethnie, on risque de parler d’ethnies là où il n’y en a pas, comme entre les Tutsi et les Hutu. Et une fois qu’on parle d’« ethnie », on parle même de « sang » et de « race ». Alors là, on est très mal parti. Je pense que nous n’avons pas intérêt à parler des ethnies en Afrique. On devrait non pas les nier, parce qu’elles font partie de notre richesse culturelle, mais les transcender. »

Pour l’historien Ki-Zerbo, il faut transcender les ethnies : cela veut dire quoi ? Il ajoute : « Je veux dire par là qu’on devrait les dépasser pour aller vers d’autres ethnies, parce qu’il y a des rapports transethniques comme la parenté à plaisanterie qui ne se limite pas à une seule ethnie. En plus de la parenté à plaisanterie, des relations économiques solides se sont installées au bénéfice de l’une ou l’autre ethnie. Il faudrait cultiver ces structures interethniques et transethniques positives, parce qu’elles peuvent aider à résoudre des problèmes. Il est évident que la guerre ne finira jamais si l’on s’entête à ne regarder que les ethnies qui dépassent souvent les frontières nationales. »

A mon avis, les réponses de Ki-Zerbo ont d’intéressant qu’elles nous aident à mettre le doigt sur le problème le plus crucial : les qualifications qu’on donne aux scenarios d’instabilité ou de guerre. Y a-t-il un conflit ethnique dans le centre du Mali ou dans d’autres parties de l’Afrique ? Si l’on se réfère aux propos de Ki-Zerbo, les conflits ne sont que prétendument « ethniques ». Il s’agit de conflits sociaux. S’il y a des conflits, c’est parce qu’il y a des agriculteurs et des éleveurs, comme c’est le cas au Mali et dans d’autres pays du Sahel, et non parce qu’il y a des Peuls et des Dogons.

La solution que j’ai proposée au début me semble être l’idéal. Que les Peuls deviennent des Dogons. La conséquence est facile à deviner : les hommes armés à moto, non identifiés qui attaquent des villages peuls, seront au chômage. Je vais, personnellement, choisir comme patronyme Diepkilé ou Perou ou Pergourou. Si vous avez un Dogon à vos côtés en lisant ces patronymes, demandez-lui de vous aider. Et s’il ne permute pas le lettre P et la lettre F pour dire « Fergourou », « Ferou » ou « Diefkilé », c’est que c’est un « Feul » au lieu de Peul. Il paraît qu’un Dogon voulait dire qu’un ancien ministre, qu’il a rencontré, avait fondu. Il lui a dit : « Mais tu as pondu ».

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Les commentaires récents (5)

  1. Ce problème n’a pas commencé aujourd’hui donc ça peut finir aujourd’hui aussi essayons de trouver une solution entre nous la population si non l’autre côté là eux ils ont fini avec le Mali donc va pas espérer sur karcha et son gouvernement