Premier pas : mon A, B, C en amour
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Premier pas : mon A, B, C en amour

Le premier pas en amour pour les jeunes, garçons comme filles, ne sont pas toujours évident. Ce témoignage montre les difficultés que les jeunes écoliers avaient pour débuter leur histoire d’amour.

Lorsque le plan drague se met en place dans le subconscient d’un jeune homme. Un pari qui peut paraître facile ou drôle entre gentlemans dans la théorie, mais j’avoue que la pratique de cet exercice fatidique du passage à l’âge adulte n’est pas une mince affaire pour la plupart des néophytes. En tous les cas, j’ai appris à mes dépens que le grand engouement qui nous pousse à se jeter à l’eau trouble des sentiments peut se heurter à plusieurs intempéries pour arriver au beau temps tant espéré. Les souvenirs de ma toute première  expérience sont loin de s’estomper des lignes du cahier de mes souvenirs d’enfance.

Rentrée des classes sous les couleurs de l’amour

La toute première fois que je suis tombé amoureux d’une fille, ou « tomber dans la bouillie d’une fille », comme on le dit littéralement dans notre jargon de Don Juan au Mali,  a coïncidé avec le jour de la rentrée des classes et je devais passer pour la classe de 8e année du haut de mes 14 ans. Tout allait à merveille après les retrouvailles suivies de longues séries de taquinerie entre les membres de mon groupe baptisé « les moineaux » en raison de notre turbulence aiguë. Soudain, j’aperçois une nouvelle sirène fraichement débarquée dans notre établissement. Au premier coup d’œil, j’étais ébloui par cette belle créature que je contemplais comme une fée. Kadi, c’est le prénom de la beauté de 13 ans, qui m’a fait frémir de la tête aux orteils. Rien qu’à entendre sa voix, tout mon corps grelotait de froid. J’aimais tout chez elle, sans rechigner.

Le petit bémol de cette belle histoire, c’était le trac qui prenait le dessus sur moi à chaque fois que je décidais de passer aux aveux. J’étais agité comme si j’avais un papillon dans l’estomac, malgré le soutien total et indéfectible de mes camarades qui ont plus d’une fois chanté mes louanges et m’ont poussé à franchir le pas : « Vas-y Dex ! C’est le bon moment ».

Un heureux dénouement

Mon capital sympathie et mon autorité de chef de groupe commençaient à en payer les frais, parce que mon statut de « poule mouillée » était à la une. Comme j’étais incapable d’aller droit au but pour vaincre la peur de perdre sa camaraderie de classe qu’elle m’offrait, j’ai alors adopté une nouvelle stratégie : la merveilleuse idée de la lettre d’amour.

J’ai puisé dans mon réservoir d’écrivain romantique et de mots doux pour la rendre plus agréable à lire avec la complicité de mon grand-frère et ami Papou Sow, un bon calligraphe et très bon dessinateur qui a fini par jouer le rôle de facteur par la même occasion.

Il a rempli sa part du contrat en remettant la lettre à Kadi un vendredi soir. Je n’ai rien compris des deux premières heures du cours de français du lundi matin, tant j’appréhendais la récréation. C’est le son de la cloche, quand je vois aussitôt Mariam, une amie de Kadi, accourir vers moi me demandant de rester dans la salle de classe sous l’ordre de Kadi. Pris de panique et surpris par cette annonce, tétanisé sur place comme un python qui vient d’engloutir un taureau, la tension fut à son comble quand j’ai lorgné Kadi avec un air sérieux sans lettre à la main se diriger vers moi. Elle s’est assise à côté de moi et, en baissant ses yeux et sans faire réellement un accusé de réception de la lettre d’amour, m’a jovialement témoigné de sa profonde sympathie. Elle m’a dit avoir beaucoup aimé le petit cœur en soie parfumé qui accompagnait la lettre. Et s’en est suivie une sortie à deux pour la suite de la récréation et pour les plus curieux de notre nouvelle idylle. Ne me demandez pas combien m’est resté de mon maigre argent de poche après cette première difficilement réussie.

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