Attention, cette vidéo d’une voie ferrée endommagée par les eaux de pluie n’est pas du Mali
#BenbereVerif : cette scène de destruction de véhicules n'a pas eu lieu au Mali et n’a rien à voir avec la France
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Depuis mi-novembre, une vidéo de destruction de véhicules 4×4 fait le tour des réseaux sociaux avec diverses légendes. La scène s’est déroulée au Burkina Faso et n’a aucun lien avec la France.

La vidéo dure deux minutes et cinquante secondes. L’on y aperçoit des véhicules 4×4 en train d’être détruits par des individus en tenue de travail. La séquence a été largement relayée et commentée diversement.

  • Sur Twitter, l’homme d’affaires congolais Didace Kinuani a également relayé la vidéo avec cette légende : « Quand ces Français détruisent leurs outils de travail au Mali, faute des moyens de les ramener chez eux ! Méchanceté ou sorcellerie ? Pourquoi ne pas les offrir aux travailleurs maliens ? » Le tweet cumule plus de trente mille vues et des centaines de retweets.
  • Sur WhatsApp, la séquence est partagée aussi de nombreuses fois. Facebook n’est pas resté en marge [1, 2, 3, 4, 5, 6, etc.].

Quels sont les éléments identifiables sur les images ?

En regardant les images, plusieurs éléments peuvent permettre d’obtenir des éléments d’informations nécessaires :

  • Sur un des véhicules 4×4 détruits, on peut remarquer le logo de la compagnie Byrnecut, comme on peut le voir ici sur son site. Byrnecut se présente comme une société australienne « spécialisée dans l’exploitation minière souterraine ». Elle travaille au Burkina Faso pour le compte de la compagnie minière canadienne « Nantou Mining (Tevali) ». Le contrat de son sous-traitant, initialement établi, court de 2016 à 2023, lit-on sur le site.
  • Dans la séquence, une personne s’exprime en français : « Oui, c’est ça que je te disais non ?». Vers la fin de la vidéo, on entend quelqu’un dire en anglais « Good job ! (Bon travail !) ».

Que disent les journaux burkinabè ?

La vidéo qui défraie la chronique sur les réseaux sociaux ces derniers jours n’a pas échappé à  la presse burkinabè. On y retrouve des éléments de réponse intéressants :

  • Selon les explications d’Oméga Médias, « les véhicules sont restés immergés pendant longtemps lors des inondations (…) Ces véhicules sont impropres à la circulation du fait de leur état vétuste. Ils ont (Byrnecut) enlevé ce qui était bon et le reste ils se sont assurés que la carcasse est aplatie ».

L’Obs Palgaa, un autre journal burkinabè, abonde dans le même sens sur son site internet : « La mine de zinc de Perkoa est celle-là même qui avait été inondée le 16 avril 2022. Huit mineurs dont six Burkinabè et deux étrangers avaient péri dans cette inondation, dont la mine ne s’est plus relevée », rappelle le journal. Avant d’annoncer comme Oméga que « le gouvernement [burkinabè, une fois informé de l’affaire] a dépêché une mission sur place» afin de produire un rapport devant situer « l’ampleur des dégâts ».

Que dit le rapport du gouvernement burkinabè ?

Lors de son Conseil des ministres du 16 novembre 2022, tenu à Ouagadougou, le gouvernement burkinabè de transition a confirmé, au chapitre des communications, qu’il a effectivement « dépêché une délégation le 13 novembre 2022 dans la province du Sanguié […] pour échanger avec les responsables de la mine » suite à la destruction des véhicules.

  • Il ressort que six (06) véhicules ont été effectivement détruits suivant la politique de la société en matière de gestion des véhicules hors d’usage
  • Le Conseil a instruit le ministre chargé du dossier de diligenter des investigations sur la situation fiscale de ces véhicules en vue de situer les responsabilités conformément à la règlementation en vigueur.

Que faut-il retenir ?

A ce stade, il est difficile de déterminer la date exacte où la vidéo a été tournée et qui l’a tournée. Cependant, avec les éléments présentés, nous pouvons conclure que :

  • cette scène de destruction de véhicules 4×4 de la société de « Nantou mining SA », plus précisément Byrnecut SARL, a eu lieu au Burkina Faso (et non au Mali), dans la mine industrielle de Perkoa.
  • La société n’est pas française. La mine industrielle de Perkoa est détenue depuis son ouverture en 2013 par la société canadienne à 90% et l’État burkinabè à 10%.
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