Face à la prolifération des fausses informations, plusieurs outils comme Google Images, InVID ont été développés. Mais pour beaucoup de fausses informations, il faut être davantage vigilant pour ne pas tomber dans le piège.
Les outils de recherches d’images inversées sont d’une grande utilité pour remettre dans son contexte une image détournée . Parfois, on peut juste, en prêtant attention, éviter d’amplifier une désinformation sans le savoir.
Dans une vidéo ou sur une photo, plusieurs éléments visibles et audibles peuvent constituer une source permettant de douter de la véracité de l’information : la langue, le paysage, le drapeau, les plaques d’immatriculation des véhicules (si des véhicules apparaissent dans la séquence), les tracés sur les routes, le type de feux tricolores, les écritures ou logo sur les habits, sur la façade d’un mur ou un immeuble.
Récit parallèle
Les images constituent la majeure partie des fausses informations en ligne. Elles sont sorties de leur contexte, de façon volontaire ou par méconnaissance, pour fabriquer un récit parallèle et manipuler l’opinion. Les images sont très efficaces pour cela, parce qu’elles ont le pouvoir de susciter l’émotion ou la colère.
Par exemple, une photo montrant l’épave de cet hélicoptère a été présentée par certains internautes maliens pour évoquer l’accident des hélicoptères français dans le nord-est du Mali, en 2019. Sans même faire recours aux outils, il suffit de regarder attentivement la photo pour remarquer le drapeau syrien sur la queue de l’appareil.
BenbereVerif avait travaillé sur cette infox. Vous pouvez retrouver l’article ici.
En avril dernier, une vidéo montrant une interpellation au Nigéria est faussement présentée comme ayant eu lieu au Mali. Beaucoup éléments, qui sautent à l’œil, permettent pourtant d’en douter. Les langues parlées dans la séquence sont l’anglais et le haoussa. Un autre élément : l’accoutrement des militaires qui procèdent à l’interpellation est différent de celle des Forces de défense et de sécurité maliennes.
Nous y avions consacré un article consultable ici.
Un autre exemple très illustratif : en décembre 2021, le logo visible sur un hélicoptère peint en blanc nous avait permis de vérifier une vidéo qui avait été présentée comme un appareil de la mission onusienne au Mali (Minusma) accusée de ravitailler des terroristes dans le centre du Mali.
Pour ce qui est du paysage, un élément important : vous pouvez utiliser l’outil Google Earth (attention, très gourmand en data et vous devez disposer d’une bonne connexion Internet), qui a une photographie du globe terrestre. Vous pouvez, ainsi, comparer ce que vous montre la photo et les résultats de Google Earth. Les images de Google ne sont pas des images diffusées en direct.
Et enfin, très utile : avoir le réflexe de lire les commentaires des internautes sous une publication qui vous semble douteuse. Des internautes, parfois témoins de l’évènement, peuvent démentir en y apportant des sources précieuses que vous pourriez consulter.
Infirmer ou confirmer
Ces éléments détectables ne peuvent pas à eux seuls, très souvent, permettre de vérifier avec exactitude une information. Ils permettent de douter et d’orienter vos recherches vers la vraie information.
Par exemple, pour ce qui est du son, il est possible qu’il soit rajouté, superposer aux images. Pour le cas aussi des plaques d’immatriculation des véhicules, vous pouvez voir des plaques d’immatriculation de plusieurs véhicules d’un pays alors que la séquence est tournée dans un autre pays. Ce cas peut se présenter, par exemple, dans une ville comme Tombouctou, au nord du Mali, où la plupart des véhicules circulent avec des plaques d’immatriculation du Niger, de la Mauritanie ou d’Algérie.
Donc, il ne faut pas se limiter aux éléments visibles pour prétendre, avec exactitude, infirmer ou confirmer une photo ou une vidéo.