A Tombouctou, l’humoriste Elhadj Mahamane Tandina, dit « Elhadji Beyt’allah », a fait une vidéo dans laquelle il s’autoproclame « président de la transition civile ». Vers la fin, il précise, sur le mode de l’humour, qu’il s’agit d’une parodie. Cette partie a été coupée de la séquence diffusée par l’activiste Bouba Fané.
Sur le compte de Boubacar Soumahoro, dit Bouba Fané, la vidéo est accompagnée de cette légende : « Un autre se proclame Président Civile de la transition, la fin de Assimi est plus que proche… ». Cette séquence (ici), manipulée, a été vue plus de 37 000 fois et partagée plus de 100 fois.
L’intégralité des images est disponible sur la page Facebook de M. Tandina, surveillant dans un lycée privé de Tombouctou et acteur qui joue dans des webséries réalisées sur place. Écharpe à l’épaule, il s’autoproclame « président de la transition civile » au Mali à partir de fin février 2022, date à laquelle des élections devaient être organisées.
Interpellé par la gendarmerie
Mais dans les dernières secondes de la vidéo, il précise qu’il s’agit d’une parodie : « Je rappelle à monsieur le gouverneur de la région de Tombouctou, à monsieur le maire de la [commune] que c’est juste de la comédie. [Il ne] faut pas envoyer les policiers me chercher à Djingarey Ber (quartier de Tombouctou). »
Tandina Elhadj BeyT’allah a fait une autre vidéo pour apporter des précisions sur ses intentions : « Je suis parti dans la logique de faire une parodie, parce que je considère que le président autoproclamé Ibrahim Camara faisait de la comédie. » Un peu plus loin, il insiste : « C’était juste pour rire d’Ibrahim Camara, c’est tout ».
Mais ce mardi 1er mars, M. Tandina a été interpellé par la gendarmerie à Tombouctou où il est en garde-à-vue.
Qui est Ibrahim Camara ?
Ibrahim Ainea Camara, peu connu au Mali, a multiplié les sorties depuis l’extérieur du pays, sur les réseaux sociaux pour s’autoproclamer « président de la transition malienne ». Dans une autre vidéo ici, il déclare : « […] Aujourd’hui 28 février 2022, au nom de la Constitution de la République du Mali, en ses articles 6 22, 24 et 31 ayant constaté la fin du délai légal de la transition, dirigée par la junte du colonel Assimi Goita, je déclare la dissolution de tous les organes de la transition. »
Dimanche, la police s’est rendue chez lui, en Côte d’Ivoire où il résidait, dans le but de l’auditionner. Mais il n’était plus sur place et serait en Sierra Leone. Dans un communiqué, le gouvernement ivoirien affirme qu’il « ne saurait tolérer la déstabilisation d’un pays frère à partir de son territoire ». A Bamako, le ministère de la Justice a instruit l’ouverture d’une enquête pour des « propos injurieux et subversifs contre les autorités de la transition dans un élan de soulèvement contre celles-ci ».
