Attention, cette vidéo d’une voie ferrée endommagée par les eaux de pluie n’est pas du Mali
#BenbereVerif : YouTube, l’autre fabrique de fake news au Mali ?
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Au Mali, des actions de désinformation continuent de se multiplier sur Internet. Sur YouTube, des « chaînes » s’y mettent avec une nouvelle approche mêlant images et sons, faisant de cette plateforme une fabrique de fake news.

Africa24.infos, Schémas News++, MBO24… Pour toutes ces chaînes sur YouTube, une recette simple : diaporamas, voix off robotisée, habillage imitant les chaînes d’informations professionnelles. Ces « chaines », qui prétendent être « au cœur de l’information », cumulent ainsi des centaines voire des millions de vues avec des contenus approximatifs et parfois diffamatoires.

« Africa24.infos » et « Schema News++ » ne sont plus disponibles sur la plateforme YouTube. La première a été fermée il y a quelques semaines, la seconde tout juste le lundi 6 juin 2022. En novembre 2021, Africa24.infos avait publié une vidéo dans laquelle est attribuée au ministère de la Défense [de la Russie] l’annonce de l’inauguration d’une base militaire russe à Gossi, dans la région de Tombouctou. Une infox qui avait été démontée par BenbereVerif ( lire l’article ici ).

Action de communication coordonnée ?

Ces « chaines » ont la particularité d’être particulièrement actives. Africa24.infos, à son apogée en fin 2021, pouvait publier jusqu’à 6 vidéos par jour. Aussitôt supprimée, on a vu émerger Schema News++ avec la même tendance et la même façon de communiquer. Difficile de conclure à une action de communication coordonnée, mais ces chaines YouTube semblent s’inscrire dans un mouvement d’ensemble : désinformer. Les cibles sont souvent les mêmes : la France ou des personnalités maliennes accusées d’être à la solde de celle-ci.

Des chaines YouTube fabriquant des vidéos de ce type ne semblent pas être « tout à fait un phénomène nouveau [sur la plateforme YouTube], selon Samba Dialimpa Badji, rédacteur en chef à Africa Check, basé à Dakar. Mais concernant cette zone où nous sommes, en Afrique, ça prend de plus en plus de l’ampleur ces dernières années. Je le constate moi-même. On voit de plus en plus de chaines YouTube qui publient ces genres de vidéos. »

Pratique courante et business

Ces « chaines » utilisent une technique très bon marché et facile à maîtriser. Il suffit d’aller prendre des images sur Internet, d’écrire un texte en construisant un récit, mêlant faits et opinions et de faire lire ce texte à un logiciel. « Pourquoi les gens utilisent les voix de synthèse pour un contenu sensé être journalistique ? », se demande Samba Dialimpa Badji, en invitant les internautes à ne pas se fier aux informations partagées de cette manière.

Fabriquer des vidéos avec des titres incitatifs est une pratique courante. D’autant que ce sont des vidéos qui marchent beaucoup sur YouTube. « C’est un business à part pour certaines personnes », explique de son côté Lat Diallo, directeur marketing de la maison de disque Keyzit Mali. Keyzit Mali est spécialisée dans la distribution de la musique en ligne.

Au Mali, les vidéos faites de diaporamas et d’une voix de synthèse circulent surtout sur YouTube. Des liens renvoyant vers ces vidéos sont régulièrement partagés sur Facebook (où ils sont susceptibles d’être sponsorisés et donc faire du ciblage par zone géographique ou groupe d’âge) et WhatsApp (où elles atteignent des communautés).  « Chaque fois qu’on tombe sur une voix de synthèse, on doit se méfier tout de suite », conseille aux internautes Samba Dialimpa Badji.

« Lorsqu’une personne partage une information scientifique, historique, économique ou sociétale, ou propose une analyse de sujets d’actualité, elle devrait toujours citer les sources étudiées lors de sa phase de recherche », recommande YouTube sur son site internet. N’hésitez pas à aller lire ces sources.

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