Burkina Faso : aucune preuve que le capitaine Ibrahim Traoré a refusé des fonds du FMI
Non, le Burkina Faso n’est pas en train de nationaliser les entreprises françaises
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Une publication qui circule sur X depuis le début du mois de juillet, et qui a été vue par plus de deux millions de personnes, prétend que le Burkina Faso est en train de nationaliser les entreprises françaises qui opèrent dans ce pays. Cette information est fausse.

Le 10 juillet 2024, le compte X nommé « Histoires d’Afrique », qui diffuse souvent des fausses informations, a fait une publication affirmant que « le Burkina Faso nationalise toutes les industries françaises. Ils s’en foutent des marchés boursiers français. »

En réalité, ce compte reprenait une publication qui circulait depuis le début du mois de juillet. Le compte X Bra Hloni écrivait, le 5 juillet en anglais, que « le Burkina Faso nationalise toutes les entreprises françaises ». Se présentant comme « sankariste », Bra Hloni, ayant comme identifiant @BraHlonisky, publie régulièrement sur la politique sud-africaine et est suivi par plus de 78 000 personnes. Sa publication a été vue par plus de deux millions de personnes.

Aucune trace de cette information dans les médias français et burkinabè

Les pages qui ont diffusé cette publication n’ont pas cité leur source. Pour vérifier la véracité de cette information, nous avons fait une recherche sur Google avec les mots « le Burkina Faso nationalise les entreprises françaises ». Résultat : aucun média crédible,  burkinabè ou français, n’évoque cette information.

Nous avons ensuite passé en revue les publications du compte X du capitaine Ibrahim Traoré et les réseaux sociaux du ministère de l’Economie et des Finances du Burkina à partir du premier juillet 2024, date où cette information a commencé à circuler.  Là aussi, l’information n’apparait nulle part sur ces pages institutionnelles.

Pourtant, une information d’une telle ampleur n’aurait pas pu passer inaperçue. D’après le site du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, le Burkina Faso est, en 2021, le 6e partenaire commercial de la France, avec près de soixante-dix filiales d’entreprises françaises ou à intérêts français.

C’est donc une information fabriquée de toutes pièces, dans un contexte de tensions entre la France et le Burkina Faso. Depuis que le capitaine Ibrahim Traoré a pris les rênes du Pays des hommes intègres le 30 septembre 2022, les relations entre les deux pays n’ont cessé de se détériorer. Dans ses discours aux relents anti-impérialistes, le président du Burkina Faso accuse la France de vouloir déstabiliser son pays, notamment en passant par ses voisins la Côte d’Ivoire et le Bénin.

Avec ses homologues de la nouvelle confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (Mali et Niger), le Burkina a décidé de quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’accusant d’être manipulée par des puissances impérialistes, dont la France.

Nationalisation de la BCB sans aucun lien avec la France

L’entreprise que le gouvernement burkinabè a décidé de nationaliser récemment est la Banque commerciale du Burkina (BCB). Cette décision prise au cours du conseil des ministres du 22 mai 2024 n’a rien à voir avec les vicissitudes des relations franco-burkinabè.

Créée en 1988 par l’Etat burkinabè et l’Etat libyen, la banque fait face à des « difficultés majeures ». D’après le ministre burkinabè de l’économie Aboubacar Nacanabo, cité par le site d’information Burkina 24, le partenaire libyen « n’a pas apporté le soutien attendu pour la bonne marche de la banque. »

L’Etat burkinabè envisage aussi la reprise en mains de la Nouvelle société sucrière de la Comoé (SN SOSUCO) appartenant au conglomérat Aga Khan.

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