Sur les routes à Bamako, les obstacles aussi nombreux que dangereux abondent. Au désordre déjà créé par un grand nombre d’usagers circulant sur des routes souvent étroites et dans tous les sens, s’ajoutent les divagations et errances d’animaux sur les chaussées, provoquant souvent des accidents.
Des ânes tirant des charrettes par-ci, des bœufs couchés aux abords des chaussées ou bloquant le passage par-là, des moutons et chèvres errant sans berger à la recherche de restes d’aliments en pleine circulation. Ce sont les scènes auxquelles les Bamakois assistent au quotidien sur les routes.
Dans la capitale malienne, les animaux aussi font partie des usagers de la route. Qui n’a jamais cédé le passage à des animaux sur son chemin ? Qui n’a jamais été surpris par un animal sorti de nulle part pour se jeter sur la route ? Qui n’a jamais assisté à un embouteillage créé par des animaux en divagation, bloquant la circulation ?
La divagation des animaux est un vrai casse-tête. Au-delà du rôle qu’ils jouent dans l’insalubrité avec le déversement de déchets sur leur passage, les animaux créent des risques d’accident sur les routes. Selon des données de la Direction de la régulation de la circulation et des transports urbains (DRCTU), plus de 10% des accidents de la circulation enregistrés impliquent des animaux en divagation, à Bamako.
Tout peut arriver
Imprévisibles, les animaux peuvent aborder les routes à tout moment et dans toutes les conditions. Ils ne connaissent ni la prudence, ni les règles de passage en priorité, ni les dangers liés à leur libre circulation en pleine route. Des ânes ou des bœufs en furie, des chevaux en plein galop, des chiens surexcités, à la recherche de leurs semblables, les surprises de collision sont nombreuses. Tout peut arriver. Dans une file de véhicules en attente où les usagers cherchent à se frayer un chemin ou dans une situation de fluidité dans la circulation, les animaux cherchent aussi le passage.
Des cas de collision entre usagers de la route et animaux surviennent presqu’au quotidien dans la circulation. Nous avons rencontré des victimes. Une tante du quartier a été renversée par un cheval en furie venue de la rue à toute vitesse pour s’engager sur le goudron. Résultat : elle a eu une jambe et un bras fracturés avec des séquelles, pas des moindres, au dos.
Moussa est un chauffeur de mototaxis à Bamako. Il y a quelques semaines, il est entré en collision avec un veau qui a brusquement abordé la route : « De loin, il était arrêté au bord de la chaussée et c’est quand je suis arrivé près de lui qu’il a brusquement abordé la route », témoigne-t-il. Moussa a chuté de sa moto et s’est retrouvé avec un pied fracturé et des blessures à la tête.
Prendre les dispositions appropriées
La divagation des animaux à Bamako a pourtant suscité des prises de mesures, à l’exemple de l’arrêté municipal du Maire du district de Bamako datant de 1989, toujours en vigueur, qui dispose qu’en cas d’errance, les animaux doivent être saisis et mis en fourrière contre paiement d’une amende forfaitaire. Passé un délai de 8 jours sans réaction du propriétaire, les autorités municipales se réservent le droit de procéder à la vente desdits animaux.
Problème cependant : les textes existent, mais « la mairie ne dispose pas de moyens techniques et humains pour appréhender ces animaux, notamment des véhicules adaptés. Ensuite, autre problème, il n’existe pas de fourrière pour pouvoir conserver ces animaux une fois capturés », expliquait ainsi le contrôleur général de police à la Direction urbaine du bon ordre et de la protection de l’environnement de la mairie du district de Bamako, contacté sur la question.
Il faut rappeler qu’un projet de création de fourrière sur les deux rives de la ville avait été porté par l’Agence de développement régional (ADR) de Bamako, en 2021, en vue de « sécuriser la population et réguler la mobilité ». Sa réalisation n’a pas encore vu le jour.