Il devient de plus en plus fréquent que des personnes impliquées dans des accidents de la route fuient la scène. Une solution peut-être plus simple pour elles mais délictuelle au regard de la loi et regrettable dans une société où on devrait valoriser l’humain.
Face à un accident de la route, il devient plus facile pour beaucoup d’entre nos concitoyens de prendre la fuite lorsqu’ils y sont impliqués que de porter assistance aux victimes. Les raisons sont nombreuses. Être impliqué ou en cause dans un grave accident de la circulation n’est pas du tout facile à gérer.
Face aux dégâts, beaucoup ont du mal à surmonter le choc et préfèrent prendre la fuite pour échapper à un quelconque traumatisme ou à une quelconque responsabilité. Aussi, les accidents de la circulation sont-ils de nature à susciter de la colère ou de la révolte. Des témoins de scènes d’accidents, souvent remontés, ont tendance à s’en prendre aux personnes présumées être en cause. La meilleure solution pour ces dernières est de prendre la fuite pour échapper à un lynchage.
Délit réprimé et mal
Autre cas : certaines personnes impliquées dans un accident de la circulation, sans passer par un constat policier, se donnent immédiatement raison. Inutile dès lors, croient-ils, de prendre la peine de s’arrêter et de porter assistance aux personnes qui peuvent en être victimes. Mais aussi, garder son calme et assumer sa responsabilité face à un accident de la circulation devient de plus en plus difficile pour beaucoup d’usagers de la route. Le premier réflexe pour certains, face un accident, consiste dès lors tout simplement à prendre la fuite pour échapper à toute conséquence qui pourrait en résulter.
Dans tous les cas, il est important de faire prendre conscience à nos concitoyens de la nécessité de rester tout simplement humain face à un accident de la route. Les victimes d’accidents, face aux traumatismes physiques ou émotionnels subis sous le choc, ont besoin d’assistance plutôt que d’abandon. Fuir une scène d’accident est non seulement un délit réprimé par la loi mais un mal dans notre société, qui montre tristement le peu de valeur qu’on peut accorder à un humain.
L’article 319 du code pénal malien, en son alinéa 1, réprime le délit de fuite en cas d’accident, par cette disposition : « Sera puni d’un emprisonnement de onze jours à trois mois et d’une amende de 20 000 à 200 000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement, tout conducteur d’un véhicule qui, sachant que ce véhicule vient de causer ou d’occasionner un accident, ne se sera pas arrêté et aura ainsi tenté d’échapper à la responsabilité civile ou pénale qu’il peut encourir. »
Geste d’humanisme
Selon Oumar Niaré, avocat inscrit au barreau malien, un conducteur de véhicule impliqué dans un accident qui refuse de s’arrêter après avoir occasionné des blessures, peut être poursuivi pour des infractions de coups et blessures volontaires, délit de fuite et non-assistance à personne en danger. Il explique que le délit de non-assistance à personne en danger consiste à s’abstenir (refuser volontairement, alors qu’on est tout en capacité d’agir pour le faire) de porter secours ou assistance à une autre personne sans risque pour lui ni pour les tiers. Cette assistance peut être une action personnelle ou une action provoquée (secours). L’infraction de non-assistance à personne en danger est retenue par l’article 220 du code pénal malien.
Fuir face à une scène d’accident lorsqu’on y est particulièrement impliqué montre un profond défaut d’humanisme. La vie humaine est sacrée. Il est préférable de porter assistance et secours à une personne victime d’accident, que de prouver un certain désintérêt en prenant la tangente.
Le refus de s’arrêter face à un accident de la circulation est devenu si problématique qu’entre usagers de la circulation, on vient à se conseiller d’éviter d’être sur les routes tard dans la nuit ou très tôt dans la matinée. À ces périodes, être victime d’accident, c’est risquer d’être délaissé et ne pas bénéficier d’assistance de la part des personnes fautives, faute d’absence de grands témoins sur les lieux pour leur enjoindre à assumer leur responsabilité.