La transition doit poser les bases de la réforme du mode de gouvernance pour diminuer drastiquement la corruption, en punissant sévèrement les auteurs. L’éducation familiale pourrait aussi aider dans ce sens.
Le bureau régional de la Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog) de Kayes a organisé, le 4 octobre 2020, un débat sur la refondation au Mali. Des dizaines de jeunes y ont pris part et proposé des pistes de solution pour le renouveau de la gouvernance du pays.
Dans la sous-région ouest-africaine, le Mali se targue d’avoir les meilleurs textes en matière de décentralisation, de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Mais dans l’application, il semble être le dernier. La preuve, selon certains intervenants au cours du débat, la corruption a connu un niveau élevé ces dernières décennies.
Pour Soumaila Cissé, président de l’Association Kayes pour nous (AKPN), il faut restaurer l’éducation familiale pour mettre fin à la corruption au Mali. Le jeune leader estime que peu de citoyens maliens ont le sens de la vertu qui est, selon lui, le premier principe de la démocratie. Par manque de vertu, les gouvernés et les gouvernants s’adonnent de plus en plus à des pratiques de corruption sans aucune crainte, regrette-t-il.
Restaurer l’éducation familiale
Même si un dirigeant est vertueux, ce sont les populations qui vont le pousser à la corruption, pense M. Diawara. « Ses proches vont le harceler. Et s’il refuse, cet homme vertueux est qualifié de maudit », ajoute-t-il. Et de souhaiter que le népotisme et le favoritisme soient punis conformément aux textes en vigueur.
Soultane Sow abonde dans le même sens. Selon elle, une seule personne ne peut pas pratiquer la corruption. Il y a toujours « un corrupteur et un corrompu ». Et le plus souvent, les dirigés sont les corrupteurs. Si les populations refusent de pratiquer la corruption, elles peuvent s’opposer à celle des dirigeants, soutient Soultane Sow.
Une autre forme de corruption qui freine le développement : c’est de donner l’argent à un fonctionnaire de l’État pour l’encourager à faire son travail ou après un travail bien fait. Pour le conférencier, Dr Sow, cette pratique fait que les usagers démunis sont souvent négligés.
Zéro impunité
Si certains pensent qu’il faut vaincre la corruption par l’éducation, d’autres estiment que cela ne suffit. Ces derniers proposent la méthode dure contre les corrompus. C’est le cas de M. Sissoko. Il demande zéro impunité pour les corrompus et leurs complices. « Tant que la justice ne sera pas implacable contre la corruption, elle ne finira jamais », clame-t-il.
Amara Dagnoko va plus loin. Il demande aux nouvelles autorités d’autonomiser davantage le Bureau du vérificateur général (BVG) en mettant à sa disposition des magistrats indépendants. Et que ces derniers puissent être capables de juger tout délit à caractère financier indépendamment des tribunaux de grande instance.
Par ailleurs, Dr Sow estime que les fonctionnaires maliens sont très mal payés. « Tant que le salaire ne peut pas couvrir la location, la nourriture et les frais médicaux, il est difficile que la corruption soit bien combattue. Le gouvernement doit rehausser le salaire. Le Malien est le moins payé dans la sous-région. Il faut au fonctionnaire malien 50 ans de service pour qu’il puisse construire sa propre villa », explique-t-il
Si zéro corruption est difficile à réaliser, la transition doit reformer le mode de gouvernance pour diminuer drastiquement la corruption, en punissant sévèrement les auteurs. C’est du moins l’engagement qu’avait pris le président de la transition lors de sa prestation de serment.