Accès aux contraceptifs : à Ségou, les obstacles perdurent pour des femmes handicapées
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Accès aux contraceptifs : à Ségou, les obstacles perdurent pour des femmes handicapées

Les rumeurs infondées sur le planning familial, outre les préjugés et les moqueries, éloignent des femmes handicapées des contraceptifs.

« Toi aussi tu utilises les méthodes contraceptives? »; « Tu as un handicap et c’est toi qui penses au sexe? »; « Comment pourrais-tu accoucher avec ton handicap? »… Comme partout, les préjugés autour de la sexualité des femmes en situation de handicap sont très présents à Ségou et cela constitue un blocage pour beaucoup d’entre elles pour aller dans les centres de santé.

Au sein de la population, nombreux sont les gens qui pensent que les femmes handicapées n’ont pas les mêmes besoins sexuels et sanitaires, ou encore qu’elles ne doivent pas les exprimer.

Kadia T., la trentaine, souffre de handicap moteur. Après avoir écouté une émission radiophonique sur la santé sexuelle et reproductive, elle s’est rendue au centre de santé communautaire de sa localité pour avoir des informations sur les différentes méthodes contraceptives afin d’en choisir une.

Stratégies avancées

Kadia ne recevra pas le service demandé, car elle s’est fait humilier par l’agente de santé. « En plus du mauvais accueil, quand j’ai exprimé mes besoins, la prestataire m’a répondu à haute voix devant tous ses collègues ‘’toi aussi tu viens ici pour avoir ces produits ?’’. J’avais tellement honte que je suis partie sans demander mon reste ».

Selon l’étude besoins et accès des personnes vivant avec handicap aux services de SR/PF/VBG au Mali, près d’une femme sur deux (45%) vivant avec handicap et désireuse d’obtenir les services et soins SR/PF a indiqué qu’elle rencontrait des difficultés d’accès. A Ségou, force est de reconnaitre que des ONG comme l’Association pour le soutien du développement des activités de population (ASDAP) et le projet VOICE mènent souvent des stratégies avancées à leur endroit.

Il s’avère urgent de mettre en place des mesures spécifiques pour toucher directement cette couche dans le besoin en matière de santé de la reproduction, conformément à la loi 2018-027 du 12 juin 2018 relative aux droits des personnes vivants avec handicap au Mali.

Poids des rumeurs

N’ayant pas accès aux services de santé de la reproduction, elles sont exposées à plusieurs infections sexuellement transmissibles, des grossesses non désirées et des grossesses rapprochées. Selon Kadidia T., plusieurs membres de son association ont contracté des grossesses rapprochées. Avec des ressources limitées, elles parviennent à peine à subvenir aux besoins des enfants et assurer le suivi régulier des grossesses. « Celles qui sont en âge de procréer bénéficient rarement du dépistage du cancer de col de l’utérus. Pire, les plus jeunes laissées à elles-mêmes tombent enceinte à la suite des rapports sexuels non protégés ou souvent en cas de viols non déclarés. », déplore-t-elle.

Les rumeurs autour des méthodes de contraception modernes impactent considérablement leur taux d’utilisation. Certains affirment que ces des méthodes incitent à la débauche, provoquent la stérilité, entrainent des maladies méconnues. Pourtant, aucune de ces informations ne sont scientifiquement prouvées.

Pour Oumar Konaté, superviseur district de l’ONG ASDAP Ségou, « ces méthodes de planning familial visent essentiellement à prévenir les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles ». « Elles servent aussi à espacer les naissances et permettre aux couples d’avoir le nombre d’enfants souhaité au moment voulu. », ajoute-t-il.

Quant aux conséquences, poursuit Konaté, il s’agit d’effets secondaires comme des maux de tête etc. Ce sont des malaises qui se soignent par les prestataires et ne représentent pas de dangers si elles sont suivies par des prestataires qualifiés. Alors, il faudra suivre le bon schéma pour éviter toutes complications.

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