En Côte d’Ivoire, le casse-tête des grossesses en milieu scolaire
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En Côte d’Ivoire, le casse-tête des grossesses en milieu scolaire

Décrochage scolaire, rejet de la famille, avortement…Le phénomène de grossesses en milieu scolaire inquiète en Côte d’Ivoire, où le taux d’enfant-mère ne faiblit pas malgré les efforts des autorités.

« L’année dernière, je suis tombée enceinte. Quand le problème a éclaté, mon copain, qui avait le même âge que moi, a nié avoir eu une relation avec moi » Rosalie (le prénom a été modifié) est une lycéenne d’à peine 16 ans, originaire de Gagnoa dans la région de Gôh. L’épreuve n’a pas été facile pour l’adolescente. « Tout le monde m’a tourné le dos », dit-t-elle.

En Côte d’Ivoire, le phénomène des grossesses en milieu scolaire  a pris de l’ampleur ces dernières années. Il touche à la fois des élèves du premier cycle et des collégiennes, impactant négativement les résultats scolaires des victimes durant leur parcours à l’école et dans la vie quotidienne.

« C’est bébé qui a fait bébé »

Prises entre deux feux, les jeunes élèves-mamans, dépourvues de connaissances en santé sexuelle et reproductive, vivent d’énormes difficultés. « Le plus souvent, prises de panique et sans moyens, certaines abandonnent leurs bébés dans la rue ou les jettent dans les ordures pour s’en débarrasser et reprendre la vie », témoigne Rosalie, victime elle-même de ce qui est désigné banalement en Côte d’Ivoire « c’est bébé qui a fait bébé ».

Certaines élèves-mères abandonnent l’école. D’autres sont reniées par leurs parents. Mais, il y a encore pire : « Certaines filles sont allées jusqu’au suicide pour trouver la paix

« Zéro grossesse » à l’école

Le fléau a défrayé la chronique en Côte d’Ivoire, au point que les autorités en charge de l’éducation ont initié, depuis 2013, des campagnes « zéro grossesse » à l’école, avec des résultats mitigés au regard du nombre record de grossesses précoces recensés chaque année dans les écoles. Au cours de l’année scolaire 2019-2020, environ 4000 cas ont été signalés, particulièrement dans les zones reculées du pays.

Selon plusieurs spécialistes, le problème de grossesses en milieu scolaire est un obstacle de taille à la scolarisation obligatoire de 6 à 16 ans. De nombreuses jeunes filles quittent l’école avant d’avoir terminé le cycle primaire pour cause de grossesse précoce. Certains observateurs recommandent d’intégrer l’éducation sexuelle dans les programmes d’enseignement. Mais aussi des sanctions pénales à l’encontre des auteurs.

Comme la plupart de jeunes filles défavorisées, qui se retrouvent dans cette situation, Rosalie n’a pas souhaité garder son bébé. Elle évite même d’en parler. Interrogée sur le sort de ce dernier, elle regarde dans le vide, maintient un long silence, puis fond en larmes : « Je regrette sincèrement ce que j’ai fait. Je n’arrive plus à dormir depuis. »

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