Être mère en situation de handicap mental : prévenir les difficultés
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Être mère en situation de handicap mental : prévenir les difficultés

La grossesse d’une femme en situation de handicap mental, si elle bénéficie d’un bon suivi, se déroulera sans complications.

La période de grossesse n’a rien d’un long fleuve tranquille. Du moins, pas pour toutes les femmes : chez certaines, des problèmes mentaux passagers, le début d’une longue maladie chez d’autres. Dr Aperou Eloi Dara, psychiatre à l’hôpital du Point-G, explique que les choses rentrent dans l’ordre facilement avec un traitement adapté. « Mais avec une possibilité de rechute dans une autre grossesse. Il y a aussi des situations où c’est vraiment le départ d’une situation chronique ».

Quand la maladie mentale survient avant la grossesse, si c’est une femme déjà suivie par des spécialistes, difficile qu’il y ait des problèmes. « Il s’agira de rendre le traitement adapté à sa grossesse pour qu’il n’y ait pas de moment de crise. On va juste ajuster ou adapter son traitement en fonction de son état. C’est-à-dire voir les médicaments qui peuvent convenir à la grossesse », argumente le psychiatre.

Par ailleurs, a poursuivi Dr Dara, pour la grossesse d’une femme connaissant une déficience mentale qui n’était pas sous traitement, le risque est gros. Au moment de la grossesse, les choses peuvent être plus ou moins calmes. Mais à l’accouchement, ou après, autrement appelé le post-partum, la situation peut se compliquer.

Post-partum et risques

La période après l’accouchement est la plus critique pour une femme souffrant d’un déséquilibre mental sans suivi spécialisé. Des complications peuvent naître : « Après l’accouchement, il faut craindre l’exacerbation des signes qui peut aller aux complications ultimes comme l’infanticide. Le délire de la femme peut être centré sur l’enfant. Elle peut témoigner de l’indifférence à l’endroit du bébé, en refusant, par exemple, de l’allaiter. »

La moindre négligence peut être fatale. La raison peut vaciller pendant un bref délai, après l’accouchement. Mais, quand cela perdure, le mieux serait de voir très vite un psychiatre.  « Les choses rentrent dans l’ordre sans aucun traitement. Cela est bien connu de nos mères. Cela ne dépasse pas une semaine. Cette situation peut souvent s’étaler sur une longue période. Il faut savoir qu’après une semaine sans retour à la normale, il faut rapidement voir un spécialiste pour la prise en charge », a-t-il prévenu.

L’accouchement est un processus naturel. La maladie mentale ne joue pas sur la procréation. Une femme atteinte de déficience mentale peut faire sa maternité, au même titre qu’une femme sans handicap. Le fait d’avoir un problème mental ne signifie pas qu’on ne doit pas donner la vie ou qu’on ne soit pas être en mesure de le faire.

Le suivi est capital en la matière, insiste Dr Dara. « Les femmes souffrant de handicap mental suivent les consultations prénatales chez le gynécologue et les sage-femmes, dit-il. Elles doivent continuer également leurs consultations chez le psychiatre. Le suivi concerne le traitement et le suivi psychologique. Pour une femme qui a un problème mental, on peut dire que la démarche est double. En plus du gynécologue, le psychiatre aussi entre en jeu. »

Prise en charge

Pendant l’accouchement, les sage-femmes et les gynécologues sont présents pour que cette épreuve se passe dans de meilleures conditions. « En cas de complications, des médicaments existent pour atténuer les agitations de la parturiente. La césarienne est une autre option pour apaiser la situation. »

Pour une femme qui n’est pas suivie, les gynécologues et les sage-femmes, après l’accouchement et avoir constaté qu’elle ne jouit pas de toutes ses facultés mentales, l’orientent vers la psychiatrie. Dr Dara lui-même reçoit parfois des femmes juste après l’accouchement.

L’universitaire avance la prévention comme méthode. Tout faire pour qu’il n’y ait pas de difficultés : « Si c’est une femme normale, sans antécédents de problèmes mentaux, du fait que la grossesse constitue un événement et une situation psychologiquement et socialement difficile, les psychothérapies de soutien des gynécologues et des sage-femmes sont cruciales pendant les consultations prénatales », a-t-il souligné.

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