Infections : les femmes enceintes plus à risque
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Infections : les femmes enceintes plus à risque

Les infections touchent un plus grand nombre de femmes. Celles en état de grossesse, selon les recherches, sont plus susceptibles de contracter.

« A mon troisième mois de grossesse, j’ai aperçu des petits boutons sur mon appareil génital, raconte Mariama Cissé, mère trentenaire. Mais, je n’ai pas prêté attention à ces symptômes, croyant que c’était une allergie de la peau. En plus, je sentais de la fièvre. Un mois plus tard, le test de dépistage a révélé que je souffrais de la syphilis. » Cette infection se manifeste par une éruption cutanée ou des plaies au niveau des organes génitaux de la femme. Cissé explique qu’avec des traitements, elle a pu accoucher sans complication ni risque d’infection pour son enfant.

Son cas n’est pas isolé. Dans un centre de santé de Ségou, nous avons rencontré Adiara. Étudiante encore dans la vingtaine, elle a aussi contracté une infection vaginale au cours de sa grossesse. « J’étais au deuxième mois de ma grossesse. Lorsque j’urinais, je ressentais une forte douleur et des brûlures vaginales. Je me suis rendue aussitôt à l’hôpital et grâce au suivi régulier d’un gynécologue, j’ai pu mener ma grossesse à terme avec une bonne santé intime. »

Risques accrus pour les femmes enceintes

D’une part, nous avons les femmes qui arrivent à agir rapidement. Malheureusement, tel n’est pas le cas de toutes les femmes. Certaines, enceintes, ignorent ou négligent cette maladie silencieuse au détriment de leur bien-être.

Awa confie qu’elle a perdu deux grossesses successives à cause d’une infection urinaire dont elle ignorait l’existence. « J’ai fait un avortement septique à trois mois de ma première grossesse et à cinq mois de ma deuxième grossesse. Selon le gynécologue consulté après la perte de ma deuxième grossesse, je souffrais d’une infection urinaire depuis la première grossesse. » Elle ajoute qu’au cours de sa troisième grossesse, le médecin a relevé que le futur bébé est dans le liquide amniotique et que, cette fois-ci, elle prendra des précautions.

Rencontrée aussi devant le bureau de la sage-femme assise avec sa petite fille, Maïmouna témoigne que son enfant est née avec une infection au niveau de son appareil génital. « Lorsque ma fille de deux ans urine, elle pleure et se gratte. Après analyse, elle et moi souffrons d’infection urinaire. » 

Ignorance ou honte

Sage-femme à Centre de santé de référence Famory Doumbia, Koro Dembélé explique que beaucoup de femmes enceintes ne prêtent pas attention aux symptômes des infections, ni ne considèrent sa gravité. « Des femmes ont honte d’admettre qu’elles ont une IST (infection sexuellement transmissible), et ne viennent pas se faire consulter. C’est ce qui explique les complications voire les fausses couches dans les cas extrêmes. » Elle précise que si ces infections contractées ne sont pas décelées et prises en charge à temps, elles peuvent également provoquer diverses complications tel que l’accouchement d’un bébé prématuré.

Wouri Diallo est spécialiste en santé sexuelle et reproductive à la Direction régionale de la santé de Ségou. Elle explique que « pendant la grossesse, l’organisme de la femme est plus vulnérable aux infections sexuellement transmissibles. Ce qui favorise généralement la contraction des infections chez les femmes enceintes. » La grossesse est une période délicate, poursuit-elle, car la femme enceinte peut contracter plusieurs types d’infections dont les plus fréquentes sont l’infection urinaire avec des brûlures et douleurs vaginales et l’infection du liquide amniotique. Si ces infections ne sont pas traitées à temps, ajoute-t-elle, elles peuvent également causer le retard de croissance du fœtus.

Chaque traitement diffère selon le type et le degré d’infection. Seule une analyse peut définir le type d’infection et le traitement à suivre. Wouri Diallo affirme que « le traitement amniotique est le mieux adapté pour éviter les complications, et il peut varier entre 7 à 14 et voire souvent toute la période de la grossesse. »

A en croire les deux spécialistes, le dépistage régulier et l’hygiène corporelle permettent de veiller sur la santé de la femme enceinte et sur celle de son enfant. Wouri Diallo conclut en invitant les femmes enceintes à une fréquentation des services de santé, car l’infection peut avoir de graves conséquences sur la femme et pour le fœtus.

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