Mali : face à l'hygiène menstruelle, les défis des jeunes filles déficientes visuelles
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Mali : face à l’hygiène menstruelle, les défis des jeunes filles déficientes visuelles

La connaissance insuffisante des menstruations, pour des jeunes filles déficientes visuelles, souligne le besoin urgent d’une sensibilisation et d’une éducation adaptées pour favoriser leur autonomie et leur bien-être.

« J’ai eu mes règles pour la première fois à l’âge de 13 ans. Je sentais seulement l’écoulement mais je ne pouvais ni apprécier la couleur de ce liquide ni la raison de sa venue », témoigne Safiatou, déficiente visuelle. Derrière le tabou entourant les menstruations au Mali, se cache une réalité souvent négligée : des jeunes déficientes visuelles qui, confrontées à ce phénomène naturel, ont besoin d’accompagnement.

Manque d’informations

A l’internat de l’Institut national des aveugles du Mali, ils sont au nombre de 190 élèves pour 80 filles. Nous y avons rencontré Safiatou. « Mes premières règles sont survenues à l’internat. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je mettais un autre caleçon à chaque fois, et cela pendant toute la période des menstrues », se rappelle-t-elle avec émotion. La jeune Safiatou estime qu’elle aurait dû être préparée et sensibilisée par ses parents, et que l’école devrait penser à les faire assister par des personnes en cas de besoin.

Le défi majeur auquel font face ces jeunes aveugles réside dans le manque d’informations et de compréhension. Elles ne bénéficient nullement d’orientation et n’osent pas non plus demander de l’aide auprès des encadreurs. A l’Institut, Traoré Perpétue Mounkoro, directrice, souligne que les jeunes filles de l’établissement – dont elle a la responsabilité – ressentent beaucoup de gêne par rapport aux menstruations. « En douze années de service, jamais une fille n’est venue se confier à nous par rapport à la venue de ses menstrues. C’est en observant que nous nous rendons souvent compte qu’elles ont atteint l’âge de la puberté », affirme-t-elle.

A cela, selon Mounkoro, s’ajoute le manque de moyens financiers qui aggrave la situation pour la plupart de ces jeunes filles aveugles, issues de familles démunies. Le recours aux produits d’hygiène menstruelle, comme les cotons hygiéniques, devient souvent un luxe qu’elles ne peuvent pas s’offrir. « L’usage des morceaux de tissus devient souvent la seule option, mais même cela représente une lourde tâche en termes de lavage et de séchage car elles ne voient pas. En plus, elles arrivent difficilement à les placer correctement », déplore-t-elle.

Inclusion menstruelle

A quand l’inclusion menstruelle des jeunes aveugles ? Comment autonomiser ces jeunes filles pour qu’elles puissent gérer convenablement leur hygiène menstruelle ? A l’Office national de la santé de la reproduction du Mali (ONASR), Coulibaly Oumou Sidibé, cheffe de service santé curative des adolescents et des jeunes, souligne l’importance d’une sensibilisation précoce pour toutes les jeunes, incluant celles en situation de handicap visuel : « Si les jeunes filles sans déficience visuelle ont des problèmes pour gérer leurs menstrues, pour celles en situation de handicap visuel les défis sont triplés », explique-t-elle. Pour Dr Sidibé, il faut « instaurer le dialogue intergénérationnel et entamer l’éducation sexuelle avec ces filles aveugles bien avant l’âge de la puberté. Il faut également les accompagner afin qu’elles puissent être autonomes ». Selon elle, l’inclusion des « Mama Térini », qui veut dire « une mère qui est une amie » en lague bamanankan, serait une solution innovante. Des femmes en qui les jeunes filles ont confiance seront formées par des spécialiste en santé reproductive pour conseiller, guider et orienter les jeunes aveugles en cas de besoin. Elles leur distribueront également des kits d’hygiène menstruelle et leur faciliterait l’accès à l’information et aux ressources nécessaires.

Sidibé indique que sa structure œuvre beaucoup en faveur de l’autonomisation des jeunes en matière de droit en santé sexuelle et reproductive. Cependant, elle reconnait « n’avoir pas du tout pensé à la nécessité d’inclure les jeunes déficientes visuelles. Il est clair que la gestion des menstrues doit être très pénible pour elles ».  

La sensibilisation, l’éducation et l’inclusion les jeunes aveugles dans le dialogue sur l’hygiène menstruelle est essentiel pour garantir leur bien-être, leur autonomie et une vie sociale ordinaire.

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Les commentaires récents (1)

  1. Je suis très touchée de ce que je viens de lire à propos de mes sœurs aveugles ce n’est vraiment pas facile de faire tout ceux-ci étant comme ça elles sont vraiment braves pas de mot pour remercier Mama Terini pour l’initiative prise je suis vraiment de cœur avec vous et je me met à votre disposition pour tout besoin