Mopti : en attendant un accompagnement spécialisé, le calvaire des femmes enceintes handicapées
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Mopti : en attendant un accompagnement spécialisé, le calvaire des femmes enceintes handicapées

Entre insuffisance des plateaux techniques et absence de soutien moral, les femmes enceintes handicapées font face à d’énormes difficultés à Mopti.

« Dès que je tombe enceinte, le calvaire commence. Je fais face à plusieurs difficultés, de la conception jusqu’à l’accouchement », témoigne Assetou, handicapée motrice et mère de quatre enfants. Elle garde un souvenir désagréable de ses consultations prénatales ainsi que du jour de l’accouchement. « Lors de mes consultations prénatales, j’étais obligée de m’assoir par terre faute d’équipements adaptés. Et pire, quand j’accouche, il m’est impossible de monter sur la table comme les autres femmes. Du coup, je m’installe sur le lit des patients », déplore-t-elle.

La grossesse est une période très délicate dans la vie d’une femme. Elle peut être psychologiquement et émotionnellement stressante, mais encore plus chez les femmes en situation de handicap, car les défis se multiplient pour ces dernières. La grossesse rime avec des risques, qui peuvent varier en fonction de la santé de la femme, de son âge, mais aussi de la gravité du handicap. Ces femmes doivent, donc, bénéficier de prise en charge spéciale, ce qui n’est malheureusement pas le cas à Mopti.

Défaut de plateaux techniques

Le suivi de ces femmes nécessite un ensemble de matériels adéquats et particuliers. Par exemple, une table d’auscultation et une balance devraient être spécialement conçues. Il importe donc d’avoir au préalable ces accessoires dans le centre où elles seront suivies.

A Mopti, le centre de santé de référence ne dispose pas d’équipements spécifiques pour le suivi des femmes handicapées pendant la grossesse. A défaut, les agents de santé misent sur la prévention des complications qui peuvent survenir pendant cette période. « Pour palier ces problèmes médicaux, nous réalisons des diagnostics au préalable pour savoir si leurs appareils locomoteurs ou leurs membres peuvent supporter la grossesse. Aussi, pour voir s’il n’y a pas de dysmorphie, une déformation compliquant l’accouchement par voie basse », explique Issa Diarra, médecin en chef.

Selon Diarra, ces femmes sont également suivies par un gynécologue ou une sage-femme qui a l’habitude d’accompagner les personnes handicapées pendant leur grossesse. « Les femmes qui sont dans des fauteuils roulant et qui ne peuvent pas se tenir debout ont besoin d’une table d’auscultation spéciale. Et pour les malvoyantes, une échographie du bout des doigts grâce à un calque en relief de l’échographie. », ajoute-t-il.

Au-delà de Mopti

Fatoumata Nadio, sage-femme au cabinet médical Hogon de la ville de Mopti, estime que les femmes enceintes handicapées ont effectivement besoin d’une assistance particulière pour faire face à la grossesse jusqu’à terme. « Elles peuvent concevoir et accoucher au même titre que les autres femmes. J’ai assisté plusieurs femmes déficientes en état de grossesse. Pour se déplacer, certaines ont besoin de prothèse, d’autres sont conduites par des individus à cause de leurs déficiences. Dans la plupart des cas, ce qui pourrait occasionner des risques est la prise de poids, qui rend difficile le port des prothèses, occasionnant souvent des blessures », explique Nadio.

Le problème d’accès aux services de la santé reproductive des femmes handicapées existe bien au-delà de la ville de Mopti. Il est important que la société, les autorités sanitaires et les organisations qui luttent pour la santé maternelle s’unissent pour que chaque femme, peu importe sa situation, puisse vivre sa grossesse dans la dignité et la sécurité.

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