Polygamie : le silence autour des infections sexuellement transmissibles dans les foyers
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Polygamie : le silence autour des infections sexuellement transmissibles dans les foyers

Le risque des infections sexuellement transmissibles semble élevé dans certains foyers polygames. La communication entre partenaires et la bonne hygiène en sont les remèdes.

Difficile de trouver des couples pour parler de la polygamie et des maladies sexuellement transmissibles. C’est un sujet qui gêne, surtout quand il s’agit des femmes. Sous couvert d’anonymat, cette trentenaire décide de briser le silence après de longues hésitations. Aicha (le prénom a été modifié) a eu des complications liées à sa santé sexuelle il y a quelques années. Mariée et mère de trois enfants, elle a eu le courage d’aller se confier aux spécialistes pour recevoir un traitement. « Je suis dans un foyer polygame, raconte-t-elle. Je ne dis pas que je suis plus propre que ma coépouse qui est plus âgée. Une chose est claire. Tous trois (mon mari, moi et la première), on doit être irréprochable en termes d’hygiène pour notre bien-être commun. »

La prévention par la communication

Puisque le sujet importune son conjoint, cette dame comme tant d’autres s’emmure dans le silence. Surtout que, avance-t-elle, la « tradition » exige qu’on n’offense pas le mari. Les femmes s’accusent mutuellement et l’époux n’ose pas aborder ouvertement la question avec ses femmes. Pourtant, la communication est la meilleure solution pour prévenir les infections et les traiter si elles se manifestent. « Je reconnais que vous avez raison sur le fait de briser le tabou sur les maladies infectieuses dans les couples polygames, mais c’est vraiment difficile. Mes épouses vont directement m’accuser d’infidélité si jamais je les informe que j’ai attrapé une infection », avoue Souleymane.

Interrogée par Benbere, Dijédi Kaba Diakité, gynécologue, explique que les infections sexuellement transmissibles sont fréquentes au sein des couples polygames à cause du manque de communication, mais surtout de l’hygiène. Quelles solutions pour préserver la santé au sein des couples polygames ? Le remède-miracle : « Arrêter toute activité sexuelle pendant la durée du traitement », a-t-il martelé. Avant d’ajouter que les soins doivent être administrés à tous les partenaires en même temps.

Au-delà de la sexualité

Il faudrait également retenir que ce problème sanitaire va au-delà de la sexualité. La communication interpersonnelle est extrêmement importante. Car, à la longue, les conséquences du mutisme autour des IST en situation polygamique risquent d’être désastreuses.

Comme l’explique Makan Diarra, jeune étudiant en médecine, « Il faut qu’au sein des foyers polygames on parle de ce problème s’il existe. Et que chacun ait à l’esprit que sans bonne hygiène sexuelle, une menace pèse sur leur santé commune. »

Même au sein des couples monogames, il peut y avoir des infections sexuellement transmissibles, surtout si l’un des partenaires s’engage dans des relations extraconjugales. Comme l’a expliqué Ambre Amias dans son article : l’étude a révélé que l’idée selon laquelle « les relations à partenaires multiples pourrait augmenter le risque d’IST serait fausse. »

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