Oumar Bah, membre actif du Club des maris modèles à Ségou, démontre qu’il est possible d’être un allié précieux pour sa femme et sa fille pendant leurs menstruations
Dans les grins et autres lieux de regroupement des hommes, des fausses informations circulent autour des menstrues. Nous entendons très fréquemment que lorsque le chef de famille pose ses yeux sur les tissus ou cotons de sa femme ou sa fille, cela lui porte la poisse.
Oumar Bah, avant d’intégrer le Club des maris modèles, croyait fort à ces idées reçues. « Avant, lorsque ma femme voyait ses règles, je ne l’acceptais pas dans la chambre à coucher et l’obligeais à dormir au salon. Pour la cuisine, je demandais à l’aide-ménagère de s’en occuper. » Mais actuellement, après avoir suivi avec succès les cours dans l’espace « maris modèles », M. Bah a carrément changé et est devenu un autre homme dans sa famille. Contrairement à ses habitudes, de retour de la ville, il salue en premier, passe du temps avec ses enfants et discute du quotidien avec sa femme. Cela a rendu le cadre de vie plus confortable et épanouissant.
Un véritable soutien
Le changement le plus important est justement sa conduite pendant les menstrues. Si autre fois il ne voulait rien en savoir et prenais ses distances, actuellement il devient un véritable soutient pour son unique fille : « Grâce aux leçons de l’espace sûr, j’ai pu rétablir la communication avec ma fille et dès qu’elle a vu ses règles pour la première fois j’étais le premier à être informé et je l’ai aidé dans tout le processus. », confie-t-il avec fierté.
Le mari doit surtout miser sur la communication afin d’instaurer la complicité et de pouvoir aider pendant les menstrues. Il doit être un allié pendant cette période pour aider sa femme ou ses filles à adopter les bons gestes, parce que, par peur, les filles en général s’adonnent à des pratiques périlleuses. C’est ce qu’explique Modibo Sangaré, animateur de l’espace sûr pour les maris modèles et les futurs maris. « Beaucoup pensent que parler des règles est tabou. Or, ce n’est pas le cas, poursuit-il. D’ailleurs c’est une fierté lorsque sa fille voit ses règles. Pour éviter le mauvais œil ou les moqueries, les filles préfèrent se cacher ou mettent en pratique les conseils de leur camarade et, très généralement, cela aboutit à des pratiques malsaines. Notamment la mauvaise utilisation des serviettes, qui peut provoquer des infections. »
Une affaire de tous
Pour éviter les risques sanitaires liés à l’utilisation des cotons à usage unique, M. Bah a acheté des serviettes hygiéniques réutilisables avec une association de la place. Lors de l’achat, il a reçu des informations sur l’usage de ce produit, notamment le mode de lavage, le séchage au soleil et les conditions de conservation pour éviter tout contact avec les microbes.
Dès l’apparition de la première menstruation de sa fille, il s’est assuré de lui transmettre toutes les informations essentielles sur la manifestation et les désagréments liés aux menstrues. Ensuite, il lui a montré comment utiliser les serviettes hygiéniques, effectuer le nettoyage et, le plus important, comment avoir une bonne hygiène intime pendant cette période.
Très fier d’avoir bien joué son rôle, il recommande à tous les hommes de suivre son exemple : « Je demande à tous les chefs de ménage de se rapprocher de leurs filles et, surtout, de les accompagner dans la bonne gestion de leurs menstrues. Cela les protège contre les maladies et elles pourront suivre correctement l’année scolaire sans interruption. »
La gestion de l’hygiène menstruelle est une affaire de tous, et nous devons tous être impliqués en brisant les idées reçues et en apportant un soutien pratique, pour le bien-être des femmes et des jeunes filles.
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