A 37 ans, Safiatou nous raconte avec émotion son combat contre le cancer du col de l’utérus. En plus d’inspirer espoir et courage, mais son histoire est également une leçon de vie et un appel à la prévention contre ce fléau.
« Un jour, raconte Safiatou, j’étais assise devant la télévision. Tout d’un coup, j’ai commencé à ressentir une douleur atroce au ventre. Je vivais avec des fibromes, mais je ne m’en suis jamais préoccupée en réalité, avant ce jour où la douleur était accompagnée de saignement. Je me suis rendue à l’hôpital où on m’a fait subir une intervention chirurgicale pour retirer les fibromes. Quelque temps après mon opération, j’avais fréquemment mal au dos et j’avais des pertes de liquide incolore abondantes. »
Quelques années s’étaient écoulées après son divorce. Elle avait fait la rencontre une nouvelle personne : ils avaient des projets de mariage et d’enfant. Après leur première expérience sexuelle, la jeune femme s’est mise à saigner abondamment. « Il était impossible d’avoir une relation intime dans ces conditions. Je ne comprenais pas du tout ce qui m’arrivait jusqu’à ce qu’on me diagnostique un cancer du col de l’utérus. »
Ce diagnostic, tombé comme un couperet, a marqué le début d’une lutte tenace pour elle. Selon ses dires, cette maladie silencieuse l’a surprise, car elle n’a jamais su qu’une femme de moins de 40 ans pouvaient l’avoir. L’âge moyen des patientes atteintes du cancer du col de l’utérus au Mali est d’environ 48,5 ans. Les cas se concentrent principalement chez les femmes âgées entre 41 et 50 ans, représentant 38,6% des cas.
Une lutte coûteuse et éprouvante
Sur les conseils de son médecin, Safiatou s’est rendue dans un pays du Maghreb pour suivre son traitement. Une fois là-bas, les médecins ont pris la décision de faire une intervention chirurgicale pour enlever son utérus : cela signifiait qu’elle ne pourra plus faire d’enfant. « Ce fut la décision la plus difficile de ma vie, un véritable choc. Je devais choisir entre ma vie et mon rêve de faire des enfants avec mon futur époux », confie-t-elle.
La jeune femme craignait au plus profond d’elle la réaction de son fiancé. « Nous avions des projets d’enfants, et perdre mon utérus m’a bouleversée. Mais il m’a apaisée en disant : ‘‘L’enfant n’est pas la seule raison de marier une femme.’’ ».
Elle a finalement accepté de se faire opérer, d’autant plus qu’elle avait eu 3 enfants avec son premier mari. « En six mois de traitement, j’ai dépensé plus de 6 millions de francs CFA. Le coût est vraiment conséquent. Cela m’a fait réfléchir sur l’importance du dépistage précoce. Je ne l’avais malheureusement jamais fait », nous raconte-t-elle. Malgré les difficultés financières et émotionnelles, Safiatou a pu trouver du soutien auprès de son nouveau partenaire.
Un appel lancé aux femmes
Après plus d’une année de combat, Safiatou ne cesse de sensibiliser son entourage sur l’importance de la prévention contre cette maladie. « A chaque fois que j’en ai l’occasion, je conseille vivement à mes sœurs de faire régulièrement des dépistages et des suivis médicaux. Une mammographie, un frottis, tout cela peut sauver des rêves et des vies. » Elle poursuit en disant aux femmes d’écouter leur corps et de consulter au moindre signe.
Aujourd’hui, Safiatou est sûre d’avoir fait le meilleur choix en se faisant enlever son utérus. Elle suit désormais sa santé de près, encouragée par cette phrase du médecin : « Madame, il faut vivre pour vos enfants. »
A travers ce témoignage, la jeune femme espère inspirer d’autre femmes. Elle compte les pousser à prendre soins de leur santé et de briser les tabous autour des maladies gynécologiques.