Les préfets et sous-préfets ont entamé ce lundi 25 juin une cessation de travail d’une semaine. La vraie raison de la grève est que beaucoup de préfets, qui ont quitté leurs postes à cause de l’insécurité , ont peur de les rejoindre. L’élection n’aura pas lieu sans leur présence, écrit le blogueur Abdoulaye Guindo.
La plupart des préfets et sous-préfets des zones occupées du Nord et du Centre ont fui leurs postes depuis 2 ans à cause de l’insécurité. Mais dans le cadre de l’élection présidentielle, le gouvernement leur a ordonné de rejoindre immédiatement leurs postes.
Préfets et sous-préfets refusent d’obéir et exigent plus de protection. Ils ont déclenché une grève de 7 jours, à travers leurs syndicats. La principale doléance : la sécurisation des sous-préfets avant tout retour à leurs postes. Après quelques jours de négociations, un protocole d’accord aurait été signé. Les syndicats avaient projeté d’annuler la grève, lorsqu’ils ont appris que le gouvernement s’est rétracté et ne voulait pas tenir ses engagements.
Un lourd tribut
Les administrateurs civils disent être porteurs du plus lourd tribut. Ils demandent au gouvernement d’entreprendre toutes actions urgentes pour la libération du préfet de Ténenkou et de son chauffeur enlevés par des terroristes au mois de mai. Si rien n’est fait, les préfets et sous-préfets menaceraient de ne pas participer à l’organisation du scrutin.
Les préfets et sous-préfets ont de bonnes raisons de craindre pour leur sécurité. En effet, en mai 2014, une dizaine de préfets et de sous-préfets ont été assassinés à Kidal, lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara. Jusqu’à ce jour, les auteurs du massacre n’ont pas été punis. En 2018 plusieurs préfets et sous-préfets ont été victimes d’enlèvement, d’assassinat ou encore de vandalisme de domicile.
Les terroristes à l’affût des représentants de l’Etat
Dans plus de 70 communes du centre du Mali, les terroristes font chaque matin la ronde pour veiller à un éventuel retour des représentants de l’État. Le sort de ces représentants est devenu encore plus précaire avec les affrontements intercommunautaires.
Selon une source militaire, l’État, qui manque déjà d’effectifs pour combattre, pourrait dans le meilleur des cas affecter un ou deux agents de protection à chaque préfet et sous-préfet. C’est largement insuffisant, quand on sait que les djihadistes attaquent par dizaines.
La menace d’une mauvaise organisation plane sur le scrutin présidentiel de juillet prochain. Sans les administrateurs de l’État, pas de distribution de cartes d’électeur, ni de nomination des assesseurs dans les bureaux de vote. Même la centralisation des résultats est de leur ressort.