L’application de l’accord pour la paix et la réconciliation, signé entre le gouvernement du Mali et les groupes armés le 20 juin 2015, était l’enjeu principal de l’élection présidentielle au Nord. Kidal, contrôlé par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a enregistré un taux de participation record de 92%, et ses habitants ont largement voté pour le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qu’ils croient le plus capable d’appliquer l’accord. Mais ils seront déçus, écrit le blogueur Abdoulaye Guindo
J’estime que les Kidalois seront déçus à l’issue de ce second mandat, car IBK ne pourra pas appliquer l’accord. Le principal obstacle auquel le président fera face est sans doute la révision de la Constitution du 25 février 1992. En effet, l’application des points les plus importants de l’accord l’y oblige.
Ces points sont entre autre une plus grande décentralisation et une meilleure représentation des populations du Nord dans les institutions nationales. D’ailleurs l’article 3 de l’accord stipule que « les institutions de l’Etat malien prendront les dispositions requises pour l’adoption des mesures règlementaires, législatives, voire constitutionnelles nécessaires à la mise en œuvre des dispositions du présent accord ».
Pourquoi IBK ne pourra pas réviser la Constitution ?
Bien que le peuple malien soit partie prenante de l’accord à travers le gouvernement qui l’a signé, IBK a échoué à réviser la Constitution dans son premier mandat. Si pour s’opposer à la première tentative d’IBK, les Maliens ont avancé entre autres arguments, la création d’assemblées dotées de pouvoirs importants dans les cinq régions administratives du Nord, la création du Sénat et surtout l’accroissement des prérogatives du président, une autre tentative d’amendement de la loi fondamentale fera face à des arguments beaucoup plus forts sous son second mandat.
D’abord, aucun président sous l’ère démocratique au Mali n’a réussi à réviser la Constitution dans son second mandat. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Les Maliens, pour des préjugés fondés ou non, ont obligé Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, à renoncer à changer la Constitution. La principale raison avancée pour dire non à ces révisions, a été que les deux présidents voulaient se maintenir au pouvoir. IBK risque de se confronter au même problème.
Les rumeurs qui desservent IBK
Dans le cas d’IBK, ils y a de forts risques que le peuple s’agrippe à deux principales rumeurs pour s’opposer. La première rumeur fait état du rêve du président de réviser la Constitution pour permettre à son fils Karim Keïta de lui succéder. Dans les grins, les bureaux ou les transports en commun, l’idée de voir Karim succéder à son père fait monter la pression. Même dans le camp de la majorité, beaucoup assument de ne pas être prêts à accepter cette hypothèse. « Nous n’accepterons pas le scénario Gabonais ou Congolais au Mali », nous confie un haut cadre du parti présidentiel. Fondée ou pas, les Maliens s’accrocheront à cette rumeur pour faire barrage à toute tentative de révision de la Constitution.
La seconde rumeur, qui d’ailleurs est relayée dans certains médias et sur les réseaux sociaux, dit qu’à terme, l’application de l’accord conduira à la partition du pays avec au Nord l’Etat de l’Azawad. D’ailleurs, ce serait la raison pour laquelle les groupes armés qui contrôlent le Nord et qui ont pour principale revendication l’indépendance de l’Azawad, font de la mise en œuvre de l’accord une exigence.
Donc si la Constitution n’est pas révisée, l’accord ne pourra pas être appliqué de manière satisfaisante pour les groupes armés et les populations qu’ils contrôlent qui ont misé sur IBK. Le réveil sera alors brutal. Le seul point positif pour les groupes armés est que pendant ce temps, ils garderont toujours leurs armes et
L’analyse est très pertinente