La libération de Simone Gbagbo sonne comme une réponse à la crise au sein de la coalition présidentielle. En libérant Simone Gbagbo, Alassane Ouattara permet au FPI (parti de son ancien rival Laurent Gbagbo) de redevenir une force politique sérieuse que ni Bédié ni Soro ne sauraient ignorer, écrit le blogueur Moussa.
L’annonce a fait des heureux partout en Côte d’Ivoire. Pour la première fois depuis la crise postélectorale de 2010 et 2011, une décision politique est saluée à l’échelle nationale par tous les Ivoiriens. Si l’on croit aux déclarations du président Alassane Ouattara, le mobile principal de la libération de Simone Gbagbo, ex-Première dame de la Côte d’Ivoire, a pour seul but d’arriver à la « réconciliation nationale ». Un avis partagé largement par la classe politique qui évoque « un geste fort » à deux ans de la prochaine élection présidentielle.
En revanche, la grogne des organisations de défense des droits de l’Homme est logique et compréhensible, quand on sait qu’elles mènent un combat incessant pour que justice soit faite pour les victimes de la crise. Un combat qui d’ailleurs, va au-delà des frontières ivoiriennes.
Mais à y voir de près, la décision du président Alassane Ouattara, d’amnistier 800 prisonniers politiques dont Simone Gbagbo découle d’une stratégie politique mûrement réfléchie. Une stratégie que qualifient beaucoup d’observateurs avisés comme une « tacle politique » assenée par le président Ouattara, à des compagnons considérés jusque-là comme ses fidèles alliés. Il s’agit bien évidemment de l’ancien président Henri Konan Bédié qui représente le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et de Soro Guillaume, l’actuel président de l’Assemblée nationale et autrefois le dauphin du président Ouattara.
Crise dans les rangs du RHDP et la solution du FPI
L’alternance politique en 2020 est un sujet brûlant en ce moment au sein de la coalition au pouvoir : le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et pour la paix (RHDP). La question du parti unifié qu’envisagent le président Alassane Ouattara et une partie de cette coalition au pouvoir est la goutte qui fait déborder le vase. Ni Henri Konan Bedié, ni Soro Guillaume ne sont d’accord avec cette proposition qui pourrait permettre au président Ouattara de briguer un 3e mandat. Ce dernier a laissé planer le doute sur cette possibilité dans une interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique : « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020 », avait-il déclaré. Une annonce qui passe mal au sein même du RHDP.
La libération de Simone Gbagbo sonne donc comme une réponse à cette crise qui ouvre les portes de la scène politique ivoirienne à une nouvelle ère démocratique. En libérant Simone Gbagbo, Alassane permet au FPI de redevenir une force politique sérieuse que ni Bédié, ni Soro ne sauraient ignorer. Ou bien ils restent unis pour gagner les élections à venir, ou bien le FPI renforce sa rafle du pouvoir. Réussira-t-il son pari ? L’avenir nous le dira.