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Sobane, Ogossagou : éviter de perdre… le Mali

La vague de violence qui déferle dans les régions du centre du Mali, que le gouvernement peine à enrayer, menace le pays dans ses fondements.

« Duuniyaaru bonii » (« le monde est gâté »), aiment dire les vieux peuls pour parler de la perte des repères dans la société. Au Mali, il ne fait pas de doute que notre « monde se gâte ». Rien ne le montre mieux que les récents massacres dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin, dans le village de Sobane Da où, selon le bilan officiel, 35 personnes ont été tuées. Parmi les victimes, des femmes et des enfants, froidement assassinés dans une violence aveuglante, rappelant les souvenirs douloureux d’Ogossagou gravés dans les esprits.

Dans le village d’Ogossagou, le 23 mars dernier, plus d’une centaine de personnes avaient tuées, alertant sur le niveau de dégradation de la situation sécuritaire dans le centre du Mali, où des zones entières échappent à tout contrôle étatique et sont livrées aux incursions d’hommes armés qui se comportent en pays conquis.

Aucun contrôle étatique ni Sobane Da ni Ogossagou

Mais le plus inquiétant reste les interprétations hâtives concluant à un « cycle de vengeances intercommunautaires » où Peuls et Dogon seraient engagés dans une guerre pour solder les comptes d’un passé émaillé de tensions. Peut-on dire que ces massacres sont le prolongement « camouflé » des tensions entre des communautés socio-professionnelles (agriculteurs et éleveurs) représentées d’un côté par les Dogon et de l’autre les Peuls ? Laquelle de ces communautés a intérêt à entretenir ces violences qui menacent le pays entier dans ses fondements ?

Ce qui est sûr, c’est que cette vague de violence a lâché les vannes de la colère et de l’indignation dans le pays où des voix pointent l’échec du gouvernement à protéger les populations laissées dans une situation d’abandon socio-économique. A l’heure actuelle, si le centre du pays tient encore, c’est parce qu’il y a toujours des hommes et femmes, dogon comme peuls, qui ont conscience que ce qui se passe risque de nous faire perdre le Mali et donc appellent à la raison. Mais, le pouvoir a-t-il encore un pouvoir ?

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