Depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19, les femmes de Koulikoro se débrouillent comme elles peuvent à travers des activités génératrices de revenus : transformation des produits locaux, exploitation de sable et de gravier, maraîchage.
Cet article a été initialement publié sur le site Mali24.info.
La femme malienne est le pilier de la famille dans nos communautés. Elle contribue économiquement à son épanouissement à travers de nombreuses activités. À Koulikoro, comme dans le reste du pays, la crise sanitaire liée à la Covid-19 a impacté sérieusement les activités génératrices de revenus des femmes. Nous nous sommes entretenus avec certaines de ces femmes battantes dans la cité du Meguetan. Partagées entre inquiétudes et espoir, elles ne cachent pas leur désir de vaincre la psychose de la maladie tout en respectant les gestes barrières.
Mme Traoré Binta Diallo, Coordination des associations et ONG féminines (CAFO) à Koulikoro
« Dès l’arrivée de la maladie, nous avons d’abord été sensibilisées sur les mesures barrières. En tant que responsables de la faîtière des femmes, nous formons à notre tour et sensibilisons les femmes à chaque rencontre de la CAFO chaque lundi et samedi. Nous respectons strictement les mesures barrières (distanciation, port du masque, moins de 50 personnes). Mais, comme vous le savez, la maladie à coronavirus a presque mis un coup d’arrêt à toutes les activités. Chaque année, la CAFO menait plusieurs activités pour la protection des droits des femmes et des enfants, la promotion du genre et la lutte contre les violences basées sur le genre. Mais toutes les activités sont arrêtées. Les partenaires ont disparu et nous n’avons plus de financement pour mener nos activités. Présentement, c’est le projet ENABEL (Agence belge de développement) qui nous appuie en termes de renforcement de capacités.
Au niveau de la coopération DANAYA (un regroupement de plus de 200 femmes évoluant dans la transformation des produits locaux), que je dirige, l’impact de la Covid-19 est incommensurable. De près d’une tonne de produits transformés par mois avant, on peine à transformer un sac de céréales sèches aujourd’hui. Avant, la plupart des produits transformés (Diouka, Mônicrou, Déguè mougou, fonio) étaient vendus à l’extérieur (Burkina Faso, Sénégal, France), mais la Covid-19 a mis fin à tout ça. Nos clients, aujourd’hui, ce sont quelques boutiques et alimentations à Koulikoro et Bamako. C’est une perte énorme pour la coopérative, mais nous n’abandonnons pas. À l’heure où je vous parle, il y a autour de moi plus d’une vingtaine de femmes qui travaillent. C’est pour vous dire que, malgré la situation difficile, nous continuons à travailler pour assurer la consommation locale et surtout constituer un stock. Je demande aux femmes de continuer à se protéger contre la maladie, car elle est toujours parmi nous. »
Traoré Kadidia Ballo, Association des femmes leaders de Koulikoro
« Le coronavirus nous a causé trop de problèmes dans nos activités. Les rencontres que nous organisons pour sensibiliser, orienter les femmes n’ont pu se tenir. Elles ont eu peur de venir aux rencontres. Les partenaires qui doivent aider à réaliser les projets sont partis. C’est très difficile pour nous. Nous sommes 40 femmes leaders au niveau de la région à œuvrer notamment pour la promotion du genre et l’épanouissement des femmes. Avec le soutien du projet Redevabilité publique et participation des femmes, financé par Affaires mondiales Canada, les femmes leaders de Koulikoro ont été formées sur la protection contre la maladie, pour qu’elles servent de relais dans leur lieu de résidence. Nous essayons, avec beaucoup de difficultés, de jouer notre rôle. Mais ce n’est pas facile. Nous demandons aux autorités de tout faire pour vaincre le coronavirus. Quant aux femmes de Koulikoro, je les appelle à l’union. Laissons de côté les questions d’intérêt et travaillons ensemble pour l’épanouissement de la femme ».
Traoré Kadia Ballo, membre des femmes transformatrices de Koulikoro
« Nous connaissons beaucoup de problèmes liés à l’approvisionnement depuis l’avènement du coronavirus. Nous sommes confrontés à un sérieux problème d’approvisionnement en produits dont la plupart nous viennent d’ailleurs. En plus, le marché est très lent. Avant, on pouvait écouler nos produits facilement. Mais ce n’est plus le cas. Mais que faire ? Nous continuerons à faire ce travail malgré les difficultés pour subvenir à nos besoins. Nous souhaitons que la paix revienne au Mali et surtout la fin du coronavirus ».
Bintou Diarra, exploitante de sable et gravier
« Nous avons des problèmes avec les véhicules de transport, qui ne travaillent plus la nuit depuis l’irruption de la pandémie. Ils ne travaillent que le jour et ne peuvent faire qu’un ou deux voyages par jour. Les mesures barrières sont observées, car nous avons reçu du matériel. Mais le rythme de l’écoulement du sable et du gravier est lent. Nous continuons tant bien que mal à exploiter le gravier et le sable pour faire face à nos besoins. Nous demandons au bon Dieu de nous garantir de cette maladie pour que nos activités reprennent de plus belle au grand bonheur de nos familles »
Mariam Diarra, maraîchère à Koulikoro.
« Le coronavirus a ralenti nos activités. Nous ne pouvons plus vendre nos produits comme avant, surtout à l’extérieur à cause de la fermeture des frontières. Nous gagnons plus en écoulant nos produits à l’extérieur, au lieu de les vendre sur place. Avec la maladie à coronavirus, c’est un manque à gagner pour nous, les maraîchères. Nous lançons un appel aux autorités et leur demande de tout faire pour éradiquer la maladie au Mali et dans le monde »
- Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada