Des tensions impliquant des membres de certaines communautés sont monnaie courante. Les initiatives locales, qui tentent de trouver des solutions pour maintenir un climat favorable au vivre-ensemble, font face à des défis.
Située à près de 240 km de la capitale Bamako, Ségou est la quatrième région administrative du pays. L’insécurité dans les zones du Nord et du Centre a dirigé vers la ville plusieurs déplacés internes. Ainsi, plusieurs élèves déplacés sont réinscrits dans les écoles de la ville pour leur permettre de poursuivre leur cursus scolaire. Le projet dénommé Inclusion des enfants déplacés internes et en milieu scolaire a fait de leur intégration et épanouissement son cheval de bataille.
La coordinatrice du projet, Alimatou Sacko, indique que l’insertion des élèves déplacés dans les établissements publics de la ville n’a pas été sans anicroche. «A cause des barrières de langues, de moyens financiers, ils faisaient bande à part, entre enfants déplacés », explique-t-elle. Il s’agissait donc « de favoriser une collaboration amicale entre tous les élèves », précise notre interlocutrice.
Autour d’une passion commune
Dans la région de Sikasso également, plusieurs associations et organisations s’investissent dans des activités de promotion de la paix et du dialogue. Des séances de sensibilisation sont organisées pour encourager le dialogue entre les populations. Des activités culturelles et sportives sont exécutées pour favoriser les échanges et renforcer les liens. C’est le cas dans la commune de Sanzana, composée de 8 villages.
L’Action pour le rassemblement des jeunes de la commune rurale de Sanzana pour la construction d’un climat de confiance pour la paix et la cohésion sociale (AJDCS-Sanzana) mène des activités culturelles et sportives en direction des jeunes de la commune. Après les séances de sensibilisation, le football, sport roi dans la localité, est mis à contribution pour permettre aux jeunes de se retrouver autour d’une passion commune. « Une compétition est organisée entre les différents quartiers du village de Sanzana (chef-lieu de la commune) quelques semaines juste après les séances de réconciliation », explique le président de l’AJDCS-Sanzana, Jean-Claude Sangaré. Ensuite, ajoute M. Sangaré, « une autre compétition est organisée, de mars à avril 2024, entre toutes les équipes de la commune et remportée par l’équipe de N’Golasso 1 ».
Favoriser le vivre-ensemble
Malgré la bonne volonté des acteurs, ils rencontrent très souvent des difficultés au cours de l’exécution de leurs activités. Le président de l’AJDCS-Sanzana se souvient d’une compétition de football arrêtée, en 2019, dans sa commune, en raison de plusieurs facteurs. « La non-maîtrise des règles élémentaires du football par les arbitres locaux, les entraîneurs et les organisateurs a engendré un arrêt systématique du grand rassemblement », regrette Jean-Claude Sangaré. Les erreurs d’arbitrage, détaille-t-il, avaient ainsi conduit à la suspension de ces activités qui créent la bonne ambiance et un climat favorable à l’entente.
De leur côté, Alimatou Sacko et ses collaborateurs ne sont pas, eux non plus, à l’abri des difficultés dans leurs tâches d’intégration et d’épanouissement des enfants déplacés internes dans la ville de Ségou. Mme Sacko impute le problème à une absence d’étude de terrain pour voir la faisabilité des activités avant la conception du projet. Ce qui a, à l’en croire, posé un problème financier, avec beaucoup d’imprévus dans la mise en œuvre du projet.
Les initiatives de promotion de la paix et de la cohésion sociale sont d’une importance capitale, dans un Mali en proie à une crise multidimensionnelle depuis plusieurs années. Elles contribuent, sans aucun doute, à renforcer le tissu social et à favoriser le vivre-ensemble dans un esprit de tolérance et de respect mutuel.