Mali : 3 raisons de créer une plateforme nationale de signalement des contenus inappropriés
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Mali : 3 raisons de créer une plateforme nationale de signalement des contenus inappropriés

Le signalement de contenus inappropriés sur les réseaux sociaux est un puissant outil de modération pour préserver la cohésion nationale. La création d’une plateforme nationale pour centraliser et gérer serait une solution encore plus efficace.

Les entreprises qui gèrent les réseaux sociaux doivent légalement avoir une politique de modération basée sur les signalements des utilisateurs. Cependant, cette méthode présente des limites : subjectivité, biais, abus, délais de réactivité et manque de compréhension du contexte. De plus, la modération reste centralisée et échappe au contrôle des autorités, d’où la nécessité d’une plateforme nationale.

Pour la faisabilité, on peut s’inspirer de modèles comme Pharos en France. Cela nécessite la collaboration de techniciens, d’agents de justice, de police et de modérateurs. Un ingénieur de  l’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGETIC) affirme que « techniquement, une telle plateforme est facile à réaliser et pourrait être très pratique pour les internautes maliens, mais le défi reste politique ». Un juriste souligne la faible implication des autorités : « Il est important de signaler que, de façon générale, la désinformation arrange les autorités, mais peut être les discours de haine pourraient les motiver à soutenir une telle plateforme. »

1. Mieux lutter contre les discours de haine et la désinformation

Malgré des initiatives louables comme BenbereVerif et Mali Check, et l’adoption d’une loi sur la cybercriminalité, le Mali continue de faire face à des défis importants en matière de désinformation et de discours de haine en ligne. Une plateforme nationale centralisée pour les signalements pourrait révolutionner la manière dont ces problèmes sont traités.

Une telle plateforme permettrait une détection plus rapide et systématique des discours de haine et des fausses informations. En s’appuyant sur les efforts existants et en engageant activement les citoyens, cette plateforme pourrait non seulement identifier les contenus problématiques plus efficacement, mais aussi analyser les tendances et développer des stratégies adaptées pour y répondre.

En outre, en intégrant des ressources éducatives et en menant des campagnes de sensibilisation, la plateforme aiderait à promouvoir des comportements en ligne responsables. Elle faciliterait également une collaboration accrue entre les autorités, les réseaux sociaux, les médias de vérification des faits et les experts en cybersécurité, assurant ainsi une réponse coordonnée et efficace contre la désinformation et les discours de haine.

2. Offrir un cadre de confiance aux internautes

La plateforme offrirait un moyen simple et sécurisé pour signaler les contenus inappropriés, renforçant ainsi la sécurité en ligne et encourageant une utilisation plus positive d’Internet. En publiant des rapports réguliers sur les contenus signalés et les mesures prises, elle renforcerait la confiance des utilisateurs envers les autorités de régulation. De plus, elle permettrait aux citoyens de participer activement et de prendre une part de responsabilité dans la qualité de l’espace numérique. Pour que les internautes maliens adoptent ce réflexe de signalement, un travail de sensibilisation est essentiel.

3. Réduire l’impunité

Une plateforme de signalement bien conçue permettrait aux autorités de mieux appliquer les lois contre les discours de haine, la diffamation et autres contenus illégaux, réduisant ainsi l’impunité des auteurs. Les signalements centralisés fourniraient une base de données précieuse pour enquêter et poursuivre les responsables, facilitant les processus judiciaires et administratifs. De plus, la possibilité de signaler rapidement les contenus inappropriés et la menace d’actions rapides dissuaderaient les individus et les groupes de publier des discours de haine ou de la désinformation.

Dans un scénario idéal, cette initiative serait baptisée « Mali Safe Net » ou « Cyber Alert Mali » et aura un impact considérable sur l’assainissement des réseaux sociaux. Toutefois, sa concrétisation dépendra largement de la volonté politique. Si cette volonté se traduit en actions, la plateforme pourrait devenir un levier crucial dans la lutte contre les discours de haine et la désinformation en ligne.

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