Au Mali, le riz est l’élément de base dans l’alimentation. Il est cultivé presque partout dans le pays. Mais les petits producteurs ont du mal à s’en sortir après les récoltes. Les raisons sont diverses.
Le riz est l’une des céréales les plus consommés au Mali. En raison de sa forte demande, plusieurs personnes s’investissent dans sa culture, surtout dans les zones rurales. Hélas, les modestes cultivateurs ne profitent pas assez de leurs investissements physiques et financiers. Il arrive souvent qu’ils ne consomment même pas ce qu’ils produisent.
Comme l’indique l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans son document profils nutritionnels par pays, le riz est plus consommé dans les zones urbaines. « Les céréales représentent plus de deux-tiers des disponibilités énergétiques alimentaires. La part des céréales traditionnelles (mil, sorgho) dans les disponibilités en céréales diminue au profit de celle du riz et du maïs. En milieu urbain, les modèles de consommation alimentaire changent et le riz occupe une place prépondérante.»
Plusieurs facteurs pénalisent les cultivateurs et les empêchent de profiter des fruits de leurs efforts. Les moyens colossaux que demande l’agriculture en général, la subvention qui tarde à venir ou qui n’aide pas les paysans, les aléas climatiques font que de nombreux riziculteurs se retrouvent les mains vides, après déduction du crédit sur leur récolte.
Le manque de moyens de base
Alors que l’économie du pays repose sur le secteur agricole, la plupart des agriculteurs peinent à économiser. Généralement basés et actifs dans les zones rurales, plusieurs cultivateurs manquent même de matériels adéquats et de moyens financiers pour bien travailler la terre.
« De nos jours, notre première difficulté est financière. A notre enfance, il y avait plus d’entraide quand il fallait mobiliser les ressources humaines, mais c’est différent maintenant. Il faut avoir des ressources financières colossales pour mobiliser les gens », déplore Hamidou Traoré.
Les autorités doivent envisager un plan spécial pour les faibles cultivateurs, nous avons des terres, mais nous manquons de moyens. Ce riziculteur de Baguineda, à quelques kilomètres de la capitale, ajoute par ailleurs que les décideurs doivent aussi mettre à leur disposition de matériels permettant d’accroitre leurs rendements agricoles.
« Il faut manger pour pouvoir s’asseoir dans un bureau »
Pour Siaka Coulibaly, les besoins des agriculteurs doivent être priorisés : « Dans nos périmètres, nous n’avons pas de problème avec le coût de l’eau, qui est à peu près 10.000 francs CFA par an. Cependant, l’accès à l’eau nous pose des problèmes parfois, car le canal qui nous ravitaille est mis à sec souvent pour des besoins urbains. » Si les champs manquent la quantité d’eau qu’il faut, cela se répercute sur le rendement de la récolte. Sinon, c’est tout le travail d’une saison qui est perdu, ajoute Siaka.
« Ce que les citadins oublient est qu’il faut manger pour pouvoir s’asseoir dans un bureau. La terre est de plus en plus pauvre, la subvention que l’État fait sur les engrais est insignifiant et arrive en retard. Par exemple, il faut normalement 12 sacs d’engrais pour un hectare de riz, seul deux sacs sont subventionnés et cette année nous n’avons eu qu’un sac subventionné sur un hectare », nous confie au téléphone Abderahamane Ahmadou, un riziculteur habitant à Diré dans la région de Tombouctou.
Les solutions possibles
Pour que les riziculteurs puissent s’en sortir, l’agronome Modibo Coulibaly indique qu’il faut mettre à niveau les acteurs et les aider avec la logistique nécessaire, en prenant en compte le changement climatique.
« Je recommande aux autorités d’appuyer plus les agriculteurs, car ils contribuent fortement à l’équilibre alimentaire et économique du pays. Ils doivent être formés aux possibilités qu’offre la technologie et mettre à leur disposition ces technologies et techniques.» Au-delà de la formation sur les techniques de culture, les paysans doivent aussi être édifiés sur le changement climatique et comment s’y adapter, ajoute l’agronome.
Il termine en affirmant que si les petits producteurs reçoivent de l’assistance matérielle en plus de la formation, le pays pourra assurer son autosuffisance alimentaire et booster sa croissante économique.