Si, récemment, nous avons vu les élèves d’une école de Médina-Coura (nouvelle Médine, quartier de Bamako) descendre dans la rue pour dénoncer un tas d’ordures dégageant une odeur nauséabonde, la vérité est que ce n’était que l’arbre qui cache la forêt d’une situation commune à nombre d’écoles, y compris des universités. Mais l’on trouve pire encore, et ce, en plein cœur de la capitale, écrit le blogueur Souleymane Sangaré.
Un matin, de passage devant l’école Place de La République à Bagadadji, juste en face de l’Assemblée nationale, j’ai été choqué en voyant devant cet établissement s’amonceler un tas de sacs d’ordures, qui occupe le trottoir. Au point que je me suis demandé si c’était une école ou un dépotoir.
Pour accéder à la cours de l’école, les élèves sont obligés de se frayer un chemin entre les étals des vendeurs qui occupent – illégalement, car ils sont revenus après avoir été déguerpis par l’opération Caterpillar de l’ancienne gouverneure du district de Bamako, Amy Kane – le trottoir et les sacs remplis d’ordures entassés devant l’entrée. J’ai décidé d’approcher un vendeur sur place pour lui demander s’il savait qu’occuper un trottoir pour y faire du commerce, et surtout devant une école, était illégal. Les vendeurs ont-ils été avertis par les responsables de l’établissement ou les autorités ? Sa réponse m’a encore plus choqué que la vue des sacs-poubelles :
« Nous laissons un passage pour les élèves »
« Depuis quand il y a normalité dans ce pays ? Mon ami, si tu es là pour t’acheter une chaussure, fais ton choix ou bien passe ton chemin. Chaque matin, je paye le ticket de la mairie, donc je suis en règle et je suis serein. Pourquoi les responsables de l’école viendront-ils m’inquiéter ici puisque je ne vends pas à l’intérieur ? Nous laissons toujours un passage pour les élèves, se défend-il. Et les tas d’ordures que tu vois ne viennent pas seulement de nous qui sommes ici, mais de tous les alentours. On les dépose pour qu’ils puissent être acheminés au grand dépôt du Rail-Da (centre commercial, ndlr), et souvent le ramassage prend du temps. »
Pourtant, dans un passé très récent, cet établissement fut une référence. Madame Diawara, habitant à un jet de pierre, se rappelle combien ses aînés étaient fiers d’être des élèves de cette école. « Je suis persuadée que beaucoup de cadres maliens doivent leur formation de base à cette école. Pourquoi ne pas donner la chance aux autres enfants d’étudier dans de bonnes conditions ? Pourquoi laisser l’école Place de la République dans cet état ? », se demande-t-elle, choquée comme moi.
Mauvaises conditions d’étude et de travail
Comment voulons-nous, demain, avoir des cadres bien formés si les conditions d’apprentissage ne sont pas bonnes à l’école ? Il y a de quoi se le demander. Dans cette école, il ne fait pas de doute que les ordures et les vendeurs participent de la dégradation des conditions d’enseignement. Il y a lieu aussi de se demander pourquoi les autorités ne proposent pas aux vendeurs un emplacement où ils puissent exercer leur activité en toute légalité, d’autant qu’on ne peut pas leur en vouloir de faire leur métier.
Aussi, faut-il noter que cette école fait face à l’Assemblée nationale, l’une des institutions les plus importantes du pays, et à deux cent mètres de la grande mosquée de Bamako, un lieu saint. Alors, on est en droit de poser cette question : qu’est-ce que le Malien respecte réellement ? Si nous ne pouvons pas rendre propre un lieu aussi stratégique que l’école, quel genre de pays voulons-nous léguer à nos enfants ?
Pourkoi ja mai de vi
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