Sur les atrocités de Sobanou qui endeuillent la nation, deux bilans s’affrontent désormais : 95 morts rapportées par le maire et les forces de l’ordre dépêchées sur la scène de l’horreur le matin, contre 35 corps recensés par l’équipe du Gouverneur au moment des obsèques.
Fasse le ciel que le bilan soit le plus bas possible !
Certes, la vérité doit être de rigueur en toutes circonstances. Mais, parce que c’est notre terre qui saigne il ne faut pas laisser la bataille des chiffres nous distraire de l’essentiel. L’essentiel c’est qu’au-delà de nos différences, nous nous inclinions devant la mémoire des enfants calcinés, des mères éventrées, des vieux criblés de balles. L’essentiel est que Peul, Dogon, Bamanan, Kel Tamasheq ou Songhoy, nous nous acceptions, nous nous sachions filles et fils de la même terre, cousines et cousins les uns des autres, frères et sœurs de la même odyssée. L’essentiel est que nous réalisions que nous portons trop de coups à la mère patrie et que nous nous ressaisissions.
Car une mère est à chérir et pas à blesser. Or notre mère à nous, nous la faisons trop gémir, nous lui faisons trop mal. Il nous faut nous entendre sur l’impératif d’un nouvel élan pour le Mali. Ce sursaut vital pour le Mali, n’est plus une option mais la voie du salut, la seule voie du salut. Nous ne pouvons pas être fiers d’être des héritiers d’empires et de devoir passer, à notre tour, de lamentables lambeaux de terres à nos enfants.
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Absolument d’accord avec l’analyse de Mr Thiam. Les chiffres ne doivent pas faire oublier l’impardonnable qu’est la Barbarie Humaine qui les a produit. Ils y a des victimes et c’est condamnable.