A Kabala, les jeunes s’organisent contre les « prédateurs fonciers »
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#LaissezNousJouer : A Kabala, les jeunes s’organisent contre les « prédateurs fonciers »

A Bamako comme dans les quartiers périphériques, les terrains de sport des jeunes sont convoités par les élus locaux et autorités traditionnelles qui veulent les morceler et vendre. A Kabala, les jeunes tentent tant bien que mal de protéger le plus grand terrain de football. 

Un soir, en plein match de foot sur un espace étendu sans aucune clôture, des motocyclistes, pressés d’aller vers on ne sait quelle urgence, filent à tombeau ouvert et tentent de traverser en perturbant le match. Sans prêter la moindre attention aux joueurs courant dans toutes les directions derrière le ballon.

Nous sommes à Kabala, quartier périphérique au sud-est de la capitale, Bamako. Très vite, la situation a dégénéré : en lieu et place d’un match, le supporteurs ont eu droit  à une rixe entre joueurs et motocyclistes. « Les jeunes jouant sur ce terrain étaient en danger parce qu’au même moment où ils jouaient, certains motocyclistes traversaient le terrain à toute vitesse. Des cas d’accidents et de bagarres ont été enregistrés à cause de cette situation », explique Samba Balobo Bâ, secrétaire général de l’Association de la jeunesse du quartier.

Mais à Kabala, les jeunes ne se battent pas que contre les incursions des motocyclistes et autres véhicules qui traversent en trombe. Ce terrain, situé à l’est du marché, faisait l’objet de convoitise des spéculateurs fonciers, amenant ainsi les jeunes à entreprendre des actions pour le protéger. La première action a consisté à clôturer l’espace à l’aide de pneus usés « en attendant d’avoir les moyens qu’il faut pour l’entourer de murs », explique Boubacar Diallo, vice-président de l’Association.

Résistance des jeunes

A ses dires, le terrain était dans le collimateur de certains poids lourds politiques du quartier : « Ils avaient voulu morceler une partie de ce terrain de foot. Ils ont cherché à m’impliquer, mais jusque-là j’ai toujours refusé de les suivre. » Samba Bâ, enseignant du quartier, renchérit : « Notre terrain de foot avait suscité des convoitises de la part de certains autochtones de Kabala qui voulaient l’utiliser à leur profit en le morcelant pour ensuite le vendre. » Pour lui, c’est ce refus des leaders des jeunes de se rendre complices de l’expropriation de ce terrain et la peur des réactions de la jeunesse qui a amené « ces prédateurs fonciers à taire leurs velléités », pour le moment du moins.

Pourtant, de l’avis de nombre de jeunes de Kabala, l’importance de ce terrain pour les jeunes de Kabala n’est plus à démontrer. « En plus d’être un lieu d’entraînement, les jeunes des familles avoisinantes s’y retrouvent à la tombée de la nuit », affirme Sékou, un joueur d’une équipe de Kabala.

A l’instar de la jeunesse de Kabala, dans  beaucoup de communes de Bamako, les jeunes ne veulent plus se laisser faire. Certains s’organisent déjà en association pour préserver ce qui peut l’être. Ils adoptent, pour ce faire, diverses méthodes comme ont fait les jeunes de Kabala.

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