Malgré les multiples sonnettes d’alarme tirées par des organisations de la société civile au sujet du problème lié au bac fluvial de Bafoulabé, la situation perdure depuis des années. Silence radio du côté des autorités quant aux appels à réaliser un pont.
Rallier Bafoulabé par la route n’est pas une mince affaire, les passagers en provenance de Kayes ou de Baboroto doivent nécessairement emprunter le bac pour traverser le fleuve. Cette traversée constitue souvent un cauchemar pour les passagers et les chauffeurs. Le bac fluvial, considéré comme la continuité des routes, ne cesse de couper le sommeil aux populations du cercle de Bafoulabé à cause des nombreuses pannes. Les opérateurs économiques s’inquiètent lorsque cet engin tombe en panne.
En effet, c’est par ce moyen de transport fluvial, qui ravitaille les marchés publics de Bafoulabé et Mahina en produits de première nécessité, que transitent des produits pétroliers destinés à ces deux villes. Des produits qui sont vendus dans les stations-services. « A chaque fois que le bac est en panne, nous sommes menacés de pénurie, parce que tous les camions qui transportent les produits vers Bafoulabé se trouvent bloqués sur les berges du fleuve, faute de moyen de transport », s’agace Djo Traoré, un habitant de la ville de Bafoulabé.
A la veille de la fête de tabaski, en 2022, des passagers sont restés bloqués sur les trois quais (Babaroto, Bafoulabé et Tintila) en bordure du Bafing et du Bakoye, des affluents du fleuve Sénégal, pendant plusieurs jours, en attendant la réparation du bac. Le vendredi 26 août 2022, des usagers, munis de leurs bagages en main, sont restés sur les berges à cause d’une énième panne de moteur du bac.
Spéculation autour des prix
Pour faciliter l’accès aux villes de Bafoulabé et Mahina, les autorités maliennes avaient mise en marche le premier bac dans les années 1996. Ce bac, censé aider les populations riveraines et les autres usagers de la route, cause plus d’ennuis qu’il n’en règle. Lorsqu’une panne survient, commence le calvaire des malades qui ont besoin d’évacuation urgente vers un hôpital approprié pour leur prise en charge.
Leur traversée se fait par la pirogue, ce qui peut accroitre les risques, si leur pronostic vital est engagé. Des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées risquent leur vie en cette période de crue. Avec la montée des eaux, le trajet par pirogue n’est pas du tout sécurisé.
Une autre conséquence de l’arrêt du trafic sur les fleuves : le stationnement de plusieurs véhicules (ambulance, citerne, moyens de transport en commun), et même des remorques sur les différentes rives. Ce qui constitue un manque à gagner pour l’économie locale. Ces pannes répétitives créent aussi la spéculation autour des prix sur les marchés des villes de Mahina et Bafoulabé.
Une gestion décriée
Tous les véhicules qui passent par ce bac – en dehors des véhicules militaires, les ambulances et ceux des services publics – doivent mettre la main à la poche. Pour un véhicule personnel, les taxis brousses et autres la traversée coûte 2500 francs CFA contre 12 500 francs CFA pour les gros porteurs. Auparavant, les motocyclistes payaient 1000 francs CFA. Par jour, au minimum 50 engins transitent par le bac.
Il est important de souligner que l’un des facteurs qui cause ce désagrément est le manque de transparence dans la gestion des fonds générés par le bac. Avec tout cet argent, l’on se demande comment le bac peut être confronté à des pannes récurrentes au point de nécessiter une collecte de fonds afin de pouvoir le réparer. Des voix se sont élevées pour dénoncer une mauvaise gestion des infrastructures, et appeler le comité d’intendance à prendre des mesures d’anticipation afin d’éviter d’éventuels arrêts de bac.
Pour remédier définitivement à ce problème, certains proposent la construction d’un pont sur les fleuves Bakoye et Bafing. Un bémol : le coût d’une telle infrastructure nécessite assez de moyens financiers. « Ce qui peut vraiment être la solution à ce problème est la construction d’un pont sur ces fleuves. Mais il se trouve que cette situation n’est pas du tout du goût de ceux qui ont en charge la gestion des fonds du bac. Ceci dit, ils n’ont pas intérêt à voir se réaliser un tel projet. Ils vont toujours œuvrer à l’échec d’une telle initiative pour continuer à gagner de l’argent », estime M. Coulibaly, un habitant de Tintila.
Quoi qu’il en soit, les autorités maliennes et les ressortissants du cercle de Bafoulabé sont à nouveau interpellés afin de trouver une solution pérenne.