Au Mali, des universités ont lancé une filière de formation dédiée au genre et au développement.
Au Mali, les questions liées à la promotion du genre étaient jusque-là dévolues aux seules associations et ONG. Mais celles-ci ont désormais de nouveaux alliés sur qui elles peuvent compter. Deux universités publiques maliennes viennent de lancer une filière de formation en genre et développement au niveau master. Il s’agit de l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USPJB) et de l’Université des lettres et sciences humaines de Bamako (ULSHB).
L’initiative est soutenue par le projet de Renforcement des capacités des organisations féminines du Mali (RECOFEM), ONU-Femmes, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et des ambassades.
Ressources humaines compétentes
Selon Abdoul Sogodogo, vice-doyen de la Faculté des sciences administratives et politiques, cette formation en master vise à doter le Mali et d’autres pays de la sous-région de ressources humaines compétentes en matière de genre.
Dans cette dynamique, précise-t-il, les étudiants seront formés dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques publiques sur le genre, le développement et les droits de l’homme. De plus, le cursus prend en compte, entre autres, la formation des acteurs sociaux sur ces thématiques ainsi que sur la maitrise du contexte institutionnel à partir d’une analyse approfondie des modes d’intervention de l’État, des collectivités territoriales, des ONG et autres institutions intervenant dans ce domaine.
Ainsi les étudiants issus de cette filière contribueront à faire du plaidoyer pour l’application correcte de la politique nationale sur le genre, et de la loi sur les quotas au Mali. Leur travail vise également à prôner des changements d’attitude et de comportement.
Sensibiliser sur les VBG
Ils pourront aussi sensibiliser le public sur les violences basées sur le genre (VBG), leurs effets et appuieront les associations et ONG dans leur combat pour la protection des droits des femmes. « Cette filière pourrait s’inspirer de nos bonnes pratiques culturelles d’inclusion pour contribuer à la cohésion sociale et à une meilleure collaboration avec le reste du monde », estime Mahamadou Lamine Bagayoko, spécialiste en genre, diplômé de l’Université d’État de New York (États-Unis).
Pour lui, la création de cette filière est pertinente. Car, explique-t-il, au Mali, les inégalités liées au genre existent dans toutes les sphères de la société. « Avec des formateurs qualifiés, le public malien pourra s’imprégner facilement des notions permettant d’accroitre l’implication des femmes dans le processus de développement », soutient-il.
Selon Abdoul Sogodogo, qui est l’un des responsables du programme, la formation s’adresse aux Maliens titulaires d’une maîtrise ou d’une licence professionnelle, toutes disciplines confondues, issus du secteur public ou privé. Quant aux ressortissants de pays étrangers, ils peuvent postuler mais avec un quota limité à 10%. Le coût annuel de la formation est de 500.000 CFA.