À Bamako, le maraîchage urbain permet à plusieurs personnes de gagner leur vie. Cependant, cette activité a aussi des conséquences sur la santé des populations à cause de l’utilisation de sols impropres à la culture, selon le blogueur Dramane Maiga.
À Bamako et ses quartiers périphériques, le maraîchage urbain a de beaux jours devant lui. Dans les différents quartiers, cette activité joue un rôle important dans l’approvisionnement en fruits et légumes. Des parcelles sont utilisées pour en faire des espaces de maraichage. Les espaces vides sont également utilisés pour faire pousser des variétés de légumes (salades, betteraves, concombres, etc.).
Cette activité, qui aide à l’équilibre alimentaire, est aussi génératrice de revenus pour les personnes qui s’y adonnent, majoritairement des femmes. Cependant, plus la ville est aménagée, plus les espaces vides diminuent. Les personnes pratiquant cette activité ne renoncent pas pour autant, travaillent des terres impropres à la culture. À cela, s’ajoute le risque sanitaire lié à l’utilisation des pesticides.
Accès aux légumes
L’agriculture urbaine est très importante. Faite de manière responsable, elle contribue à diminuer les émissions de CO2, car s’ajoute à la verdure et à la nature. Aussi, facilite-t-elle l’accès aux légumes dans une ville avec une démographie galopante. Donc, ce secteur informel participe au développement économique et social.
Grace à cette activité, plusieurs personnes, comme Badian, arrivent à subvenir à leurs besoins : « Chaque jour, je suis dans ce jardin très tôt. C’est avec plaisir que j’y m’adonne, même si c’est dur. Ma production maraîchère me fait vivre et me permet de subvenir à mes besoins. Je cultive de la salade, l’oignon et un peu de tomates. En plus de mes clientes qui partent revendre au marché, les passants achètent aussi. »
Pour Badian, ce secteur est aussi pourvoyeur d’emploi. La prolifération du maraîchage aide l’économie locale et diminue le taux de chômage. « Je revends des feuilles de menthe, ça me permet de gagner 1000 à 2000 francs CFA par jour et, pendant l’hivernage je retourne au village », confie cette jeune dame. Toutefois, cette agriculture n’est pas souvent faite en tenant compte des risques sur l’environnement.
Menace sur la santé
Beaucoup de personnes se tournent vers ce secteur, dans la capitale malienne, et certaines cultivent aux abords des marigots et les grands caniveaux qui servent à évacuer les eaux usées. D’ailleurs, ces eaux usées sont parfois utilisées pour arroser. Or, elles viennent des toilettes des familles, des hôpitaux et centres de santé.
Au-delà des risques sanitaires liés aux eaux usées, d’autres sont méconnus du public, selon Seydou Mariko, docteur en sciences environnementales. « Les pesticides et les engrais chimiques ont des conséquences graves, notamment sur la santé des consommateurs et sur l’environnement .»
Il souligne qu’en plus de la contamination liée directement à la consommation, les eaux du fleuve et les nappes souterraines sont polluées par l’infiltration des substances chimiques dans le sol : « L’accumulation de ces substances chimiques, notamment les nitrates et l’azote dans le sol, peut causer un certain nombre de pathologies comme le cancer et les maladies cardiovasculaires. »
L’agriculture urbaine est bénéfique pour les consommateurs et les maraîchers. Cependant, lorsque tous les bas-fonds et le long de tous les cours d’eau deviennent des jardins de légumes, les risques sanitaires sont énormes.