La pêche est l’une des principales activités dans la ville de Mopti. L’ensablement et l’utilisation des pesticides dans le fleuve a considérablement impacté la pêche.
La région de Mopti est traversée par le fleuve Niger et la rivière Bani. Mopti est un carrefour commercial entre le nord et le sud du Mali et les pays limitrophes. Le tourisme était un pilier de l’économie locale. De nos jours, les conflits ont presque anéanti ce secteur car la région est actuellement classée dans la zone rouge.
La « Venise du Mali » est également connue pour ses nombreuses ressources halieutiques. Mopti doit cette réputation aux fleuves qui arrosent la région. Le moment propice pour la pêche se situe entre octobre et février. Mais cette activité est confrontée à des difficultés liées à des facteurs multidimensionnels.
Menace de l’ensablement
La première difficulté que rencontrent les pêcheurs dans la région de Mopti, c’est la qualité du filet de pêche. Il y a des pêcheurs qui utilisent des filets de type moustiquaire. L’inconvénient est que ce type de filet ramasse tous les poissons sans exception. Lorsqu’on pêche les alevins, il y a un risque sur le rendement des activités piscicoles.
Aussi, la navigation sur le fleuve Niger peut durer jusqu’à 9 mois. Mais avec l’assèchement de la zone du lac Debo, la navigation ne dure que 6 à 7 mois. Cet assèchement est causé à la fois par l’ensablement de la zone et le manque de creusage de certaines zones du fleuve. Malgré l’apport des extracteurs de sable, il y a du travail à faire.
Adama Yaro est un quadragénaire qui a vécu pendant longtemps à Mopti. Les années où abondait le poisson ne sont qu’un vieux souvenir pour lui. « Pendant ma jeunesse, il y avait beaucoup plus de poisson. Aujourd’hui, le fleuve est rempli de sable. Je demande aux autorités d’en faire une priorité. Avec cette ampleur, le sable risque de prendre la place des poissons », s’inquiète-t-il.
Même inquiétude chez Mama Tanapo, un pécheur qui tire également la sonnette d’alarme sur l’ensablement. L’ensablement « impacte négativement le rendement », ajoute Tanapo. En plus de ces difficultés, des agriculteurs déversent dans le fleuve des pesticides nuisibles aux poissons.
Des solutions à portée de mains
Il faut mener une vaste campagne de sensibilisation pour arrêter la pêche avec les moustiquaires et l’utilisation de pesticides. Les autorités locales peuvent également démarcher la mission de l’ONU (Minusma) et les ONG locales afin de trouver une solution à l’ensablement, qui constitue un obstacle à la navigation de longue durée. Un allègement des taxes pourra également contribuer à la baisse du prix du poisson sur le marché.
Quant aux pêcheurs, il serait salutaire pour eux d’arrêter la pêche avec des moustiquaires transformées en filets. Ils doivent aussi épargner les zones où abondent les alevins pour éviter l’extinction de certaines espèces de poisson.