Niamana, commune rurale en pleine expansion, située dans la région de Koulikoro, connait ces dernières années un afflux massif des populations fuyant la hausse des prix du loyer à Bamako. Mais les populations, aux conditions économiques nettement différentes, sont confrontées à une pénurie d’eau. Elles ont soif.
Ceux qui ont les moyens nécessaires ont créé un forage dans l’enceinte de leurs concessions en vue de couvrir leurs besoins réguliers en eau. Mais, ces efforts se heurtent fréquemment aux délestages intempestifs, empêchant le démarrage des moteurs qui servent à faire monter l’eau dans les cuves culminant les hauteurs des maisons. Il n’est pas rare de voir ces propriétaires de forage recourir à l’achat d’eau avec les jeunes âniers, qui vendent de l’eau au quotidien.
Comme la solidarité est une valeur symbolique, ancrée dans nos mœurs, certaines familles nanties procèdent, une fois toutes les semaines, à une distribution très timide d’eau aux voisins immédiats. Ces initiatives palliatives se soldent généralement en querelles entre les femmes ou par le mécontentement sournois des donateurs, s’indignant du nombre excessif des bidons à remplir. « Je ne peux pas rester indifférente aux souffrances des autres qui peinent à se ravitailler en eau. C’est pourquoi, j’ai convaincu mon mari de distribuer de l’eau à nos voisins proches, réduits souvent à boire l’eau de puits non javellisée », témoigne Coumba, une habitante de Niamana, qui distribue généreusement de l’eau dans son entourage.
Difficile accès à l’eau et précarité des ménages
L’approvisionnement en eau demeure un calvaire quotidien pour les familles à faibles revenus, situées loin des lieux de distribution gratuite. En plus de ce déficit, ces familles font face à d’autres problèmes comme le manque d’emploi ou la faible rémunération.
À cela, s’ajoutent les prix des locations qui constituent un goulot d’étranglement à la fin du mois. C’est pourquoi certains ménages s’associent pour contribuer aux paiements des factures d’électricité avec les propriétaires des fontaines acceptant de s’ouvrir aux voisins.
La cherté oblige des familles à boire l’eau du puits non traitée certains jours pour faire des économies. « Je tiens une place de vente d’épices au marché de Niamana-Dougoukoro. Mes affaires rapportent juste de quoi assaisonner notre sauce, car les deux tiers de mes économies servent à acheter de l’eau. Ce qui correspond à deux mille francs pour vingt bidons d’eaux. C’est trop pour moi quotidiennement. Mais je ne peux faire autrement, car les infirmiers nous ont déconseillé de boire l’eau du puits non traitée », m’a confié Djénèba, résidante à Niamana.
Faible canalisation du secteur
À ce jour, les lignes de canalisation en eau sont limitées. Des chefs de familles disent avoir déposé leurs demandes de fourniture d’eau auprès de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) depuis des années, sans qu’on ne leur offre des garanties juridiques attestant que leurs demandes ont été reçues.
Face à cette urgence sociale, la Somagep reste inerte parce que n’ayant jusque-là pas pris d’initiatives anticipatives tendant à atténuer le calvaire des populations de Niamana. Du reste, cette structure reconnait bien avoir reçu beaucoup de demandes d’alimentation de la part des habitants, sans qu’ils n’y aient des actions concrètes. « Niamana est une localité populaire nécessitant une prise en charge adéquate qui soit à même de répondre à la demande d’eau de façon pérenne. Notre équipe travaille à pied d’œuvre dans la canalisation des différents secteurs où nous avons un nombre élevé de demandes de branchements. Cela a commencé depuis l’année passée », affirme un responsable des opérations à la Somagep.
Actuellement, les délestages courants sapent l’approvisionnement en eau. Devant cette situation, les autorités doivent intégrer les habitants de ce quartier dans les programmes de distribution gratuite d’eau potable par citerne avant que la zone ne soit suffisamment servie en robinets.