Les traditions, c’est bien, même si elles ont un prix. La politesse qu’elles exigent coûtent cher à beaucoup, qui hélas ne s’en rendent pas compte. Les détails dans ce billet de Patrick Ertel, dit « Fakura Keita », photographe franco-malien.
– « Allo »
– « Allo »
– « I ni sogoma, hɛrɛ sira wa ? »
– « Hɛrɛ doron »
« Somogow ka kɛnɛ ? »
– « Baasi t’u la, i yɛrɛdon ? »
« Toorosi te »
– « M’baa »
– « Mbaa »
– « Jon don ? »
– « Ne de don »
Quand je suis arrivé au Mali, il y a quinze ans, le toubab (blanc) que je suis a été enchanté par la tradition exquise de politesse dans les salutations. On prend son temps avant d’aborder le sujet de la rencontre, et c’est une habitude qui a, hélas, disparu en France, et en Europe en général. Le blanc est toujours pressé !
Ceci étant dit, il reste sans doute des blancs qui se félicitent du maintien de cette tradition : j’ai nommé les grands patrons de la société de télécommunication Orange Mali.
« Le prix d’un repas dans un restaurant de rue »
En effet, si on admet que les salutations durent 15 à 20 secondes dans chaque communication téléphonique, Orange Mali encaisse entre 20 et 25 F CFA à chaque fois. Donc, quelqu’un qui passe 20 coups de fil dans la journée aura dépensé environ 500F CFA pour les salutations seulement, c’est-à-dire le prix d’un repas dans un restaurant de rue.
Ne pensez surtout pas que je souhaite la fin des salutations ! Non, pas du tout. Je voulais seulement que chacun connaisse le prix des traditions. C’est tout.