Pour les élections du 29 juillet, elles sont deux à avoir exprimé leur envie de briguer la magistrature suprême. L’une, Mme Rakia Alphadi, ne fait plus partir de la course mais l’autre, Mme Djénéba N’diaye dite Djébou est parmi les 24 candidats retenus au final. C’est encourageant mais insuffisant. Pourquoi un si faible nombre de candidates aux élections présidentielles, se demande le blogueur Bilal Sagaidou.
Le Mali compte plus de 90 % de musulmans, ce qui fait dire à certains que c’est un « pays musulman », et que selon l’islam, la femme doit soumission à son mari. Les traditions maliennes sont aussi patriarcales, et le rôle d’une femme est supposé être au foyer.
Une femme entreprenante et ambitieuse se fait souvent traiter de tous les noms. Quand elle obtient une promotion, on dira qu’elle est la maîtresse du Directeur général. Si elle est nommée ministre ou élue députée, conseillère municipale ou maire, les gens diront encore qu’elle couche avec le président ou le Premier ministre. La même chose s’observe dans l’armée ou dans d’autres secteurs de la vie active.
Le poids des préjugés
Dans ces conditions, c’est très difficile pour une femme de briguer la magistrature suprême. Vous verrez des gens clamer que jamais une femme ne sera présidente de la République du Mali. Pour se justifier, ils avancent qu’avec une femme présidente, un malheur divin s’abattra sur le pays car Dieu n’aime pas que les hommes soient dirigés par des femmes. Même la chute du président Amadou Toumani Touré en 2012 avait été interprétée par certains comme une punition divine parce qu’il s’était permis de nommer une dame, Mme Mariam Kaïdama Sidibé, Premier ministre. Poste qui, jusqu’à cette date, n’était réservé qu’aux hommes.
Cette hostilité envers les femmes fait que souvent les potentielles candidates ont du mal à trouver des parrainages. Ça a été le cas de Mme Aminata Diallo, dont la candidature a été rejetée par la Cour Constitutionnelle en 2013. Pourquoi n’a-t-elle pu avoir les soutiens nécessaires pour remplir les conditions prescrites? Parce qu’elle est tout simplement une femme.
Les femmes ambitieuses, conscientes de cela, rêvent plutôt de devenir première dame au lieu de briguer elles-mêmes la présidence. Elles savent que les Maliens ne valorisent pas leurs aptitudes intellectuelles et leurs compétences professionnelles, mais plutôt leur féminité. Une candidature féminine semble vouée d’avance à l’échec.
Si femme veut, femme peut
Malgré ces préjugés, force est de constater qu’il n’existe aucun domaine où les femmes ne s’illustrent par leur dynamisme, leur intelligence et leur bravoure. Nous avons des femmes dans l’entrepreneuriat, dans l’armée, des femmes élues (maires, conseillères, députées), des femmes universitaires. Elles ne cessent de montrer qu’elles peuvent faire autant que les hommes. Rien ne devrait les empêcher de diriger notre pays.
Il est temps que les Maliens changent de mentalité à l’égard du statut de la femme. Que les femmes soient solidaires les unes envers les autres. Que les hommes les soutiennent et les encouragent aussi à aller de l’avant pour réaliser leurs ambitions. Ainsi, le Mali aura un jour une Présidente de la République.