Les Assises nationales de la refondation (ANR) ont recommandé d’allouer 15% des marchés publics aux Petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des jeunes et des femmes. Cela pourrait aider à accompagner leur croissance.
La culture entrepreneuriale commence à faire son chemin au Mali. Plus d’entreprises revient à plus d’emplois et, par ricochet, à plus de richesse créée. C’est un préalable important pour aboutir au développement socio-économique de notre pays. L’État doit jouer un rôle de stimulateur en mettant en place les conditions favorables et à la création des entreprises et à leur croissance et stabilité.
Démarrer et pouvoir maintenir en vie une entreprise, à ses débuts, nécessite d’y injecter des coûts et des investissements importants. Les pouvoirs financiers des jeunes et des femmes, en raison de leurs conditions de vie économique, sont pourtant assez faibles pour leur permettre de faire face à ces dépenses.
Les entreprises démarrent généralement avec un capital faible et n’arrivent pas à générer des ressources favorables à leur croissance. D’où l’importance pour les PME de se faire connaître et de bénéficier de marchés pour favoriser des rentrées d’argent. C’est bien à ce niveau que l’État peut agir par le moyen des marchés publics.
Un atout
Les marchés publics sont des contrats conclus entre un acheteur public (État ; collectivités territoriales) et un ou plusieurs opérateurs économiques.
Un seul marché public peut s’évaluer à des millions ou de milliards. En 2018, le montant total des marchés publics passés au Mali s’élevait à 582 milliards de FCFA. Les entreprises qui bénéficient d’une telle opportunité tiennent là une occasion de bénéficier de rentrées d’argent importantes. Ce qui est important pour la santé financière de ces entreprises en termes de chiffres d’affaires mais également en termes de capacité d’investissements qui s’en trouvent positivement impactés.
Sans oublier qu’une entreprise porte également à sa charge des employés. Les marchés publics sont donc une source d’activité significative et un levier de croissance pour les PME.
Egalement, bénéficier des marchés publics pousse les entreprises à se doter d’expertise et de professionnalisme pour répondre aux critères de qualité exigés. Pour Modibo Macalou, président d’une organisation de jeunes, la possibilité de bénéficier de 15% des marchés publics pour les PME dirigées par des jeunes et des femmes ne peut qu’encourager la jeunesse à entreprendre davantage et « permettra le développement accéléré des PME ». « Nous savons tous que dans la majorité des pays en développement, comme le Mali, il est très difficile pour les PME d’accéder à des crédits bancaires pour booster les activités. »
Des exemples à travers le continent
A travers le continent, on constate que certains gouvernements accordent un pourcentage de marchés publics aux entreprises dirigées par les jeunes. Au Kenya, par exemple, le gouvernement réserve 30% de tous ses appels d’offres aux entreprises dirigées par des jeunes, femmes et personnes handicapées. Il a également lancé une plateforme en ligne qui permet d’enregistrer et de présélectionner les entreprises dirigées par des jeunes, des femmes ou des personnes handicapées.
En Afrique du Sud, le gouvernement provincial de Gauteng, depuis 2013, a lancé une initiative visant à accroître les dépenses d’achat auprès d’entreprises appartenant à des jeunes en leur proposant 10% de toutes les offres de marchés publics. En outre, la province recherche aussi activement biens et services dans une base de données gouvernementale d’entreprises dirigées par des jeunes.
Les marchés publics constituent un puissant moteur de croissance économique pour les PME. Les jeunes et les femmes qui se battent dans un environnement économique qui ne leur est pas si favorable et qui arrivent à y émerger doivent être soutenus par des mécanismes efficaces et garantis. En Afrique 24% des femmes créent leurs entreprises. Ce taux atteint 26% en Afrique subsaharienne, le taux le plus élevé au monde.