Au Mali, l’accès à l’information et aux documents administratifs dans les services publics, surtout en charge de la délivrance des actes d’état civil, reste un des plus grands défis à relever.
« La carte d’identité est délivrée aux citoyens à entre 7 500 et 10 000 francs CFA, même si vous disposez de tous les documents à fournir et cela sans reçu. Raison avancée : la rareté de la carte d’identité ». Ce témoignage d’un utilisateur sur Facebook résume à lui seul la corruption autour des coûts et frais de prestation des services publics dans l’administration malienne. Et ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Chaque citoyen peut en citer des cas, en tant que victime ou témoin. Des documents administratifs censés être gratuits, pour les avoir, il faut payer. Les raisons avancées sont diverses : généralement soit pour accélérer la procédure ou parce que « c’est comme ça maintenant ».
Aujourd’hui, s’il y a un problème préoccupant les citoyens maliens dans les administrations publiques, c’est bien non seulement les procédures de délivrance des documents administratifs mais également les coûts des prestations qui peuvent changer à tout moment. Les prix semblent dépendre de l’humeur, de la volonté de l’agent et/ou du visage du citoyen.
Malheureusement, les coûts et les conditions d’accès à ces documents ne sont pas connus de tous les citoyens. Les coûts, généralement, ne sont pas affichés. Sans oublier que cela a engendré une situation de corruption qui ne dit pas son nom. Et c’est à juste raison que cette préoccupation est ressortie au cours des débats tenus lors des Assises nationales de la refondation (ANR). Elles ont recommandé que soient affichés les coûts des prestations dans les services publics. En effet, cela entre dans le cadre des mesures de lutte contre la corruption sous toutes ses formes.
Droit presque inaccessible
La méconnaissance par les citoyens des informations liées à l’accès aux documents administratifs est une situation qui arrange bien d’agents au sein des services publics. Ces derniers en profitent pour faire payer souvent le double du prix normal. Pour les documents gratuits, comme le certificat de résidence, il faut payer dans des cas 1 000 francs CFA. Et ces paiements irréguliers sont devenus presque normaux.
Même si des dispositions de contrôle sont prises dans certains services, rien ne semble pouvoir empêcher des agents à persévérer dans leur pratique malhonnête. Il existe des stratégies dignes d’un film de cartels déployées par certains agents pour soustraire des sommes indues aux paisibles citoyens pour la délivrance des actes administratifs.
Lutter contre la corruption
Afficher les coûts des prestations dans les services publics au Mali permettra de réduire l’asymétrie d’information entre les administrateurs et les usagers des services publics. Ce qui est non seulement une obligation, mais le faire assurerait également la transparence dans la délivrance des documents administratifs au profit des usagers. Le faire contribuera fortement à lutter contre toutes ces nombreuses tracasseries et à réduire les multiples formes de corruption que subissent et auxquelles s’adonnent les citoyens au quotidien. Les coûts des prestations peuvent être indiqués, à cet effet, dans la langue officielle de travail (le français) ainsi que dans les langues locales les plus parlées, selon les milieux de résidence.
Lorsque les coûts des prestations sont connus d’avance, cela mettra les citoyens dans une situation d’aisance financière, car pouvant se préparer en amont et être à l’abri de surprises qui surviennent généralement et qui bouleversent les plans prévus dans les portefeuilles.
Il faut également que le gouvernement continue dans son élan de revaloriser les salaires des agents publics. Une telle mesure sera une garantie de plus pour réduire la corruption au sein des services publics.
Pour bâtir le « Mali Kura » [nouveau Mali] de nos aspirations, il faut effectuer de nombreux changements. Et aucun ne sera de trop, puisse-t-il juste arriver à faire évoluer les choses dans le bon sens !
Sans commentaire. La principale raison c’est parce que effectivement, les citoyens sont sous informés et ne savent pas réclamer leurs droits parce qu’ils ne les savent pas.