Lors des Assises nationales de la refondation (ANR), il a été question de lutter contre la fraude fiscale et les pertes de ressources : un fléau qui fait perdre des sommes importantes à l’État chaque année. Une refondation dans le secteur s’impose.
Une fiscalité appropriée est la clé de l’indépendance économique de tout pays. Elle permet aux États de générer des ressources internes leur permettant de faire face aux dépenses des pouvoirs publics. Au Mali, la direction nationale des impôts est le premier pourvoyeur de ressources de l’État avec une entrée de 989 milliards en 2021.
Pour autant, cette assiette fiscale peut être élargie pour mettre fin à beaucoup de tares économiques si des mesures sont prises contre les délits liés aux fiscs comme le non-paiement, la fraude ou l’évasion fiscale.
Élaborer une politique fiscale adaptée aux PME
« La mobilisation des recettes fiscales et douanières enregistre des manques à gagner de quelques centaines de milliards de francs CFA au 1er trimestre 2022 », affirmait M. Alousseni Sanou, ministre de l’Économie et des Finances dans une interview accordée à L’Essor.
Selon un expert, cette faille s’explique par un taux d’imposition élevé et une lourdeur administrative difficilement supportable par les PME (Petites et moyennes entreprises), qui représentent plus de 80% des entreprises au Mali. Il explique : « Notre modèle fiscal est importé et n’est pas du tout adapté à notre économie. La fiscalité est assez rude pour les PME et ne tient pas en compte l’informel qui avoisine 60% du PIB national. La recette peut être décuplée avec les bonnes méthodes ».
Un des garants de la bonne gouvernance fiscale est le traitement informatisé de l’impôt. En décembre 2021, le Mali a officiellement lancé son système de paiement en ligne : un fruit assez tardif de l’effort des autorités pour moderniser l’administration des impôts avec l’appui de divers partenaires. Il reste à voir son efficacité. Cette plateforme reste encore méconnue des principaux intéressés.
Fiscalité électronique
Plusieurs patrons de PME, que nous avons interrogés, ignorent son existence. Pour Issa Diarra, directeur de l’entreprise Mono-Informatique, les autorités doivent rendre le système plus accessible et plus pratique en optant pour le mobile. « De nos jours, tout le monde a des smartphones, précise-t-il. Il serait plus efficace d’avoir une application sur téléphone qui répertorie les situations fiscales de tout le monde et qui permet directement le paiement via mobile. »
Pour lutter contre la délinquance financière, d’autres mesures doivent être prises par les autorités comme une sensibilisation massive sur le civisme fiscal, une vulgarisation des modalités fiscales, une formation continue du personnel de l’administration, la simplification des procédures administratives, la communication ainsi que la transparence.
Un environnement fiscal sain est un enjeu majeur pour le gouvernement, un gage de souveraineté et une condition sine qua none du développement. Comme l’a dit l’ancien premier ministre M. Moussa Mara dans une interview dans le magazine Jeune Afrique, « si les gouvernements parvenaient à limiter la fuite des capitaux et la fraude fiscale, il serait possible de remédier à tous les maux de l’Afrique ». Un défi à relever pour un Mali qui aspire à la refondation.