L’état délabré dans lequel se trouvent des bâtiments administratifs publics est le reflet exact du peu d’intérêt qu’accorde l’État aux citoyens en termes de qualité de délivrance des services publics.
Des bâtiments vétustes et délabrés, souvent impraticables et inaccessibles en période hivernale, des meubles usés qui croupissent par manque d’entretien et par défaut de rénovation : voilà à quoi ressemblent nos services publics. Voilà l’image de l’État servie aux populations. Ce même État qui rassure, pourtant, que son premier souci est de garantir le mieux-être des populations.
Dans la réalité au Mali, ceux qui doivent agir pour le bonheur des populations travaillent pour leur épanouissement personnel. Les populations sont laissées à elles-mêmes, appelées à se contenter de la misère dans laquelle on les entretient.
Nos hauts cadres et nos dirigeants drainent les fonds publics vers leur entretien personnel. Quand il s’agit de mobiliser des fonds pour répondre aux besoins des populations, le discours redondant qui ne convainc plus personne consiste à dire que « les moyens financiers de l’État sont insuffisants ».
Voilà pourquoi, à part le petit cercle des « décideurs publics », le reste du personnel de l’État travaille dans de très mauvaises conditions et, à son tour, rend aux populations des services de mauvaise qualité.
Mauvais cadre de travail
Il suffit de faire un tour dans des services publics, surtout dans les capitales régionales, pour savoir que le personnel de l’État vit au quotidien dans un mauvais environnement de travail. Les 25 et 26 juillet derniers, a lieu une rencontre d’échanges entre le président de la transition, colonel Assimi Goïta, et les gouverneurs de l’ensemble des régions administratives du Mali en vue de permettre à ces administrateurs d’exposer les problèmes et les difficultés auxquels ils font face dans les juridictions dont ils ont la responsabilité. Ainsi, la construction et la réhabilitation des bâtiments administratifs sont régulièrement revenues au nombre des doléances exprimées.
Cela ne passe pas inaperçu : les travailleurs de l’État expriment un ouf de soulagement à chaque fois qu’après tant d’années d’attente et de doléances formulées, ils arrivent à bénéficier d’un bâtiment nouveau ou rénové.
L’amélioration des conditions des travailleurs de l’État n’est pas seulement une question de revalorisation salariale, il s’agit aussi de les mettre dans un cadre de travail adéquat. Des bâtiments construits depuis les premières années de notre indépendance abritent encore des services administratifs ou scolaires/universitaires publics (ENSup ; Lycée technique ; ENI par exemple). Dans un état de délabrement total, ils continuent année après année à abriter des hommes à qui on exige performance et rentabilité.
Prendre soin et entretenir
Les bâtiments vétustes aujourd’hui étaient neufs hier. Ce qui veut dire que le défaut d’entretien de ces bâtiments les use et les met rapidement en état de vétusté. Beaucoup de services publics génèrent des recettes fiscales, qui souffrent pour la plupart d’une grande opacité dans leur utilisation. Une partie de ces fonds générés peut être investie annuellement dans l’entretien des locaux, de sorte qu’ils restent habitables et attractifs.
Cette philosophie terrible d’attendre que tout vienne d’en haut (des décideurs au sommet de l’État) n’a que trop duré. Dès lors qu’une structure génère des recettes, c’est aux administrateurs de ces services de demander que des fonds soient investis dans la réfection et l’entretien de leurs locaux. Ainsi, on arrivera à protéger ces infrastructures.
Il faut, bien entendu, également un esprit civique chez les usagers pour utiliser précautionneusement les biens publics, surtout dans les milieux scolaires et universitaires où, dans leur fougue, certains apprenants indélicats se permettent de briser les meubles et les matériels didactiques ou graffer sur les murs.
La rénovation ou la construction de bâtiments administratifs modernes permettra à nos services publics d’être en phase avec les nouvelles réalités du monde et de répondre de façon adaptée aux besoins des populations.