Au Mali, il est urgent d’organiser une conférence sociale – prévue initialement pour le premier trimestre de 2021 mais qui n’a toujours pas eu lieu – pour établir un cadre d’entente et de consensus entre l’État et les syndicats.
« Dépolitiser les syndicats » ; « signer une trêve sociale avec les syndicats » ; « adopter un chronogramme de prise en charge des engagements de l’État pris dans le cadre des procès-verbaux de conciliation » ; « procéder à la relecture des textes sur la création des syndicats » ; « appliquer la loi sur l’exercice du droit de grève dans les services publics et parapublics »… Ce sont entre autres recommandations faites par les Maliens à l’issue des Assises nationales de la refondation (ANR), tenues en décembre dernier.
Le déclenchement de mouvements de grève est presque devenu un effet de mode au Mali. Aucun secteur n’est épargné. Il arrive que diverses revendications syndicales sont portées sur la table du gouvernement au même moment. Les doléances exprimées sont péremptoires. Les règlements de comptes politiques se font à travers les mouvements de grèves syndicaux. Et gouvernements et syndicats ne jouent pas franc-jeu entre eux.
Dialogue et consensus
Une chose est sûre : à ce rythme, l’État ne tiendra pas sous le poids des revendications exprimées tous azimuts. Et les citoyens, toujours les premières victimes, sont ceux qui subissent péniblement les conséquences de ces mouvements d’humeur syndicaux. Au regard de tout cela, il est arrivé le moment de penser des solutions à ce problème. Il faut arriver à préserver les libertés syndicales et les droits de grève ainsi que les droits essentiels des citoyens qui doivent assurément bénéficier de la fourniture des services publics sans interruption.
De façon générale, les revendications syndicales sont d’ordre financier. Les travailleurs de l’État aspirent à améliorer leurs conditions de vie et de travail. C’est légitime. Toute la question concerne plutôt sur le timing et la portée financière des doléances exprimées.
D’où l’importance de toujours faire prévaloir le dialogue, seul pouvant aider à créer un cadre de compréhension mutuelle entre syndicats et gouvernement dans leurs relations de collaboration. C’est, d’ailleurs, l’une des fortes recommandations issues des Assises nationales de la refondation (ANR) qui demande d’ « organiser une conférence sociale pour négocier un pacte social de stabilité et de croissance ». C’est également un point qui se trouve dans le Programme d’action gouvernemental du Premier ministre actuel de transition, Choguel K. Maïga. Cet espace permettra pourtant de discuter de toutes les recommandations suscitées en lien avec les questions de syndicalisme dans notre pays.
Climat social apaisé
Pour parvenir à un climat social apaisé, il faut un cadre de consensus et d’entente entre l’État et les syndicats. Convenir d’une période de temps indiquée, par exemple à chaque mandat présidentiel de cinq ans, pour une augmentation générale et conséquente (un taux de pourcentage préalablement fixé) des salaires des fonctionnaires de l’État. Une telle mesure aura le mérite de mettre fin aux grèves intempestives des syndicats et de permettre à l’État de souffler financièrement tout en créant continuellement les conditions d’une croissance de ses ressources financières pour faire face à ses charges.
Ou encore exclure une catégorie d’agents publics du droit d’exercice de grève (justice, police, santé, éducation) tout en proposant des mesures compensatoires qui leur assureraient une augmentation conséquente des gains salariaux échelonnée sur une période régulière de temps (tous les 2, 3 ou 5 ans).
Il est primordial d’établir un cadre d’entente et de consensus entre État et syndicats en vue de préserver et les intérêts des fonctionnaires et de l’État et des citoyens tout court. D’où toute l’utilité d’organiser une conférence sociale pour ce faire.