Au Mali, une mise en valeur des contenus thématiques des contes et autres contenus culturels sous des formats numériques peut, sans doute, contribuer à les préserver et à les rendre plus accessibles.
Le pays compte près de 666 communes rurales et chacune d’elle renferme des légendes, des contes et autres valeurs traditionnelles voués à la disparition, si aucun moyen n’est pas trouvé pour les conserver.
Il s’agit, entre autres, d’écrire sous format PDF le maximum de recueils de contes en consultant les anciens et en faire des audios, de produire et diffuser le maximum de documentaires sur nos coutumes et traditions, de filmer tous les festivals traditionnels, de produire des dessins animés basés sur nos légendes, développer les jeux traditionnels via des applis, etc.
Auparavant, le défi était d’écrire nos traditions orales, aujourd’hui il faut les numeriser et les rendre accessibles au monde entier via Internet. « En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait Amadou Hampaté Ba, un des plus grands défenseurs de la culture africaine. Il urge, donc, de transmettre tout le savoir contenu dans ces bibliothèques sur le cloud même s’il y en a qu’on ne sauvera certainement jamais.
Renforcer l’éducation des jeunes
Les jeunes sont de moins en moins intéressés par les coutumes ancestrales. Les nouvelles technologies pourront leur fournir des outils de connaissance et de compréhension de leur environnement social et culturel.
Fanta Barry, vice-présidente d’Internet Society Mali, trouve cela logique : « Aujourd’hui, presque tous les jeunes possèdent des smartphones et Internet est accessible même dans les villages. C’est logique que notre jeunesse s’imprègne des mœurs étrangères si nous ne valorisons pas nos cultures sur Internet. »
Adama Doumbia, sociologue de formation, partage le même avis : « Il faut reconnaitre que les smartphones et la télé ont remplacé les parents sur le plan éducationnel. Nos enfants consomment les dessins animés occidentaux, donc faire des dessins animés de nos propres contes permet de leur inculquer nos valeurs à travers des moyens ludiques.»
Une culture à préserver et à vendre
Au Mali, beaucoup de projets de digitalisation de contenus culturels ont déjà vu le jour. On peut citer, entre autres, le projet « Quand le village se réveille » de feu Boukary Konaté, qui visait à collecter et diffuser nos traditions maliennes via un site web et une application. Mais aussi le projet Mali Magic, appuyé par l’Unesco et Google ou les dessins animés Sourgouba et Zonzaniba de Gaoussou Bassekou Tangara, qui comptabilisent des millions de vues sur YouTube.
Le patrimoine culturel malien est d’une richesse inestimable et peut offrir d’énormes perspectives de rentabilité en le digitalisant. Il faudrait, pour cela, des politiques publiques solides assurant aux artistes la capacité de créer des contenus. Et pourquoi pas une commission pour la digitalisation du patrimoine au niveau du ministère de la Culture ?
Afin de permettre aux jeunes de renouer avec notre culture, de réanimer nos traditions orales mourantes et de raconter le Mali à l’étranger, la numerisation des contenus traditionnels est aussi urgente que capitale.