Au lendemain d’une énième pluie en ce mois d’août, le vieux cultivateur Matalla, enthousiaste, monte sur son âne et se dirige vers son champ de pastèque situé dans les périphéries de la ville. La pastèque est appréciée des populations qui aiment en manger après les repas. Mais à Tombouctou et à Gao, on en cultive des variétés bien particulières dont les graines sont destinées à de nombreux usages, écrit le blogueur Dramane Traoré.
Parmi les différentes variétés cultivées à Tombouctou, il y a le kankani, prisé pour sa chair succulente. Ses graines et sa chair peuvent prendre toutes les couleurs. Le fambu, lui, est cultivé pour ses graines brunâtres. Grillées, ces dernières servent d’amuse-gueules aussi bien pour les enfants que pour les adultes au moment des causeries. Lorsqu’on décortique les graines par un procédé voisin de l’étuvage du riz, on obtient le Baali-Baali que les Tombouctiens aiment donner en cadeau à leurs hôtes de marque.
On aime aussi les graines jaunâtres du musa-musa. Grillées, elles servent aussi d’amuse-gueules. On peut également les moudre après grillade pour former le fameux haada tant aimé des vieux paysans et maçons de la cité mystérieuse. Ces graines sont à la base d’une sauce spéciale appelée musa-musa maafe que les femmes préparent surtout pendant les périodes de grande fraîcheur.
Effets thérapeutiques et autres usages
Le kanay, espèce voisine du musa-musa a des vertus thérapeutiques. On l’utilise pour préparer de la bouillie, Kanay bita, ou une sorte de tô, kanay koulba que les cultivateurs se plaisent à déguster en période de vaches maigres. Il y a aussi le birkinda, une pastèque plus ou moins succulente aux graines noires et qui servent à fabriquer une potion destinée à guérir les plaies chez les animaux.
Les graines de musa-musa, peuvent aussi donner de l’huile. Voilà ce qui ne devrait pas manquer d’intérêt pour les industriels. Rares sont les coins de rues à Tombouctou où l’on ne trouve pas une femme ou une jeune fille, en train de vendre des graines de pastèque grillée. Même les peaux de pastèques sont utilisées. Séchées, elles sont vendues aux propriétaires de bétails, car les animaux en raffolent. Malgré les multiples usages de la pastèque, les pluies devenues de plus en plus rares ces dernières années, font craindre l’abandon de la culture de la pastèque à Tombouctou.