Mali : entre pauvreté de la proposition politique, radicalisation de l’opinion et obligation de décider
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Mali : entre pauvreté de la proposition politique, radicalisation de l’opinion et obligation de décider

Les enjeux actuels et la délicate situation des autorités au Mali et du peuple malien sont complexes et inédits, mais aussi utiles d’une manière ou d’une autre pour avancer sur le plan politique.

Depuis l’avènement de la démocratie au début des années 1990, la classe politique malienne a manqué à son devoir de proposer et de confronter les visions politiques. Ce fut tout sauf de véritables propositions pour le progrès social et économique. La corruption aura laissé des traces, même chez les plus fermes opposants. Or, cette pauvreté de la proposition politique, est un signe du statisme politique des années 1990, du recul de la qualité de la proposition politique, des hommes et des femmes politiques, mais il a surtout fini par être la source de la radicalisation du peuple. Car un peuple qui n’avance pas se radicalise d’abord.

Cela fait donc plus de trente ans que nous n’avions plus de propositions politiques dignes de ce nom. La classe politique, en refusant d’évoluer et de voir l’état réel du pays, a condamné l’appareil d’État à l’indécision et tout un peuple à une radicalisation progressive. Cette radicalisation d’une partie de l’opinion publique n’a pas commencé en 2021. Elle a commencé sous la direction de sa classe politique et de sa société civile. En préférant la corruption à la proposition politique, la classe politique et la société civile ont condamné tout un peuple à la radicalisation.

Plus de régulateurs

Et maintenant se pose la question de la « déradicalisation ». Un moment bien triste, car il n’y a plus de régulateurs. Les régulateurs se sont en réalité auto-décrédibilisés et auto-détruits avec le temps. Et le pays devient encore plus pauvre, car privé de ces deux acteurs précieux.

Nous avions appelé à revoir notre compréhension de notre pays avant ce stade de la « radicalisation ». Pendant ce temps, la société civile et la classe politique, encore dans les grâces des pouvoirs, a pensé que ce n’était pas la chose la plus urgente. Nous sommes finalement revenus à cette idée de mieux appréhender notre territoire, mais cette-fois ci de manière intrinsèquement plus vigoureuse alors qu’on aurait pu faire autrement.

Nos enjeux actuels nous appellent en ce sens à être attentifs, tous ensemble, car l’essence de la rigourosité dans nos décisions, du recul dans la prise de décisions ou encore de la mesure dans la prise de décisions réside dans l’attention collective.


Mohamed Maïga est ingénieur des politiques sociales. – mohamedmaiga@aliberconseil.com

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