Une certaine lassitude se lit entre les lignes dans les déclarations de certains acteurs politiques sur la transition au Mali.  
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Transition au Mali : l’incertitude, le principal ennemi

Une certaine lassitude se lit entre les lignes dans les déclarations de certains acteurs politiques sur la transition au Mali.  

« Allons-nous rester dans une transition qui ne finira jamais ?», se demandait l’imam Mahmoud Dicko fin décembre, alors qu’il répondait à ceux qui l’accusaient de trahir le Mali. C’est cette même lassitude qu’on peut lire dans les propos d’un cadre du parti Yelema à Benbere Nous sommes dans une longue attente de la date des élections ». En réalité, la cause de cette lassitude est l’incertitude, qu’on peut analyser à deux niveaux.

D’abord, il y a l’incertitude concernant la volonté des autorités de transition d’organiser les élections. Après avoir annoncé en septembre 2023 un « léger report » de l’élection présidentielle, qui devait avoir lieu en février 2024, les autorités de transition n’ont pas annoncé de nouvelle date, et n’ont entamé aucune consultation avec la classe politique sur la question.

Dialogue inter-malien

Ce qui fait que certains, dans la classe politique, commencent à douter de la bonne volonté des autorités de transition. C’est ce qu’on peut lire par exemple dans les propos de Yaya Sangaré, secrétaire général de l’Adéma-PASJ, dans Journal du Mali : « Lorsque l’on suit certaines déclarations et que l’on analyse le fait qu’aucun cadre n’est mis en place, nous n’avons aucun élément d’appréciation sur la bonne volonté des autorités d’aller aux élections. Lorsque nous entendons des soutiens de la Transition assurer que les élections ne sont pas une priorité, nous avons peur. Nous nous disons que les uns et les autres reviendront à la raison pour comprendre que la meilleure chance que nous puissions donner au Mali est de faire en sorte que cette transition réussisse. »

Cette incertitude est d’autant plus grande que dans son discours du Nouvel An 2024, le président de la transition a annoncé l’ouverture d’un « dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation », une initiative qui semble ambitieuse. Ce genre d’initiative peut prendre plusieurs mois, et il y a lieu de penser que le président de la transition compte terminer ce nouveau chantier avant de penser aux élections.

« Respect des engagements »

Ensuite, il y a l’incertitude concernant les objectifs des autorités de la transition. Cette incertitude se résume en une question : le président de transition Assimi Goïta se présentera-t-il à la future élection présidentielle ? La Charte de la Transition dit que le président et les membres du gouvernement « ne sont pas éligibles aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition », et que cette disposition « n’est pas susceptible de révision ».

Mais on sait que le président de la transition est très populaire chez beaucoup de Maliens, et que certains de ses soutiens peuvent l’encourager à contourner les règles, comme on l’a vu se passer souvent ailleurs en Afrique. Les acteurs politiques craignent cette possibilité, et c’est pourquoi le M5-RFP Mali Kura et Yelema, qui ont scellé un Partenariat pour le renouveau politique, ont insisté pour dire que « l’arbitre ne peut être joueur dans les conditions normales du respect des engagements publics d’honneur ».

Dans le dictionnaire Larousse, le mot incertitude est synonyme de « imprévisibilité », « inconstance », « instabilité », « précarité », « vulnérabilité ». Le Mali ne peut pas rester longtemps dans une telle situation. Il est donc important que les autorités de transition lèvent le voile sur ces incertitudes afin de calmer les esprits. La fin de la transition ne sera une réussite que si tous les acteurs sont assez sereins pour se préparer à la suite.

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